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Les 50 ans de la crise d'Octobre

Les 50 ans de la crise d'Octobre

FLQ : Front de libération du Québec. On désigne sous cette appellation six vagues successives de groupes clandestins qui ont prôné l'action directe, de 1963 à 1972. Il n'y a pas un, mais des FLQ. Ils n'ont pas fait la même analyse politique ni pratiqué la même stratégie d'intervention, mais tous sans exception avaient pour but ultime d'obtenir l'indépendance du Québec. Comment expliquer un surgissement aussi brutal de l'utilisation de la violence dans un monde politique jusque-là bien encadré et prévisible ?

Le FLQ n'est pas un accident, ni une création spontanée. En 1960, le Parti libéral du Québec est élu sous la gouverne de Jean Lesage et s'ensuit une transformation radicale de notre société : nationalisation de l'électricité, création de l'assurance maladie et de la Caisse de dépôt, laïcisation du système d'enseignement, loi permettant aux femmes de signer un bail sans la permission de leur mari, etc. En dix ans, le Québec, perdu et oublié au fond de l'Amérique, rattrape le niveau de développement des pays avancés. Mais cette marche forcée vers la modernité ne va pas assez rapidement selon certains. Il y a un grand mouvement de décolonisation à travers le monde et des Québécois identifient notre sort collectif à celui des peuples qui luttent et obtiennent leur indépendance nationale, comme c'est le cas en Afrique. Selon eux, il faut un électrochoc pour secouer le Québec. Le FLQ n'est pas un phénomène local, mais fait partie d'une mouvance internationale. D'ailleurs, l'appellation FLQ elle-même (Front de libération du Québec) n'est pas sans rapport avec le FLN d'Algérie (Front de libération nationale).  Les six films suivants ont été choisis selon deux critères : d'abord, comprendre ce que fut historiquement le FLQ et ensuite, proposer différentes approches cinématographiques pour saisir ce moment de notre histoire. Ils vous sont suggérés par ordre chronologique de réalisation.

1967. Le premier FLQ a existé en 1963 et ses membres ont été arrêtés durant la même année. En décembre 1967, quatre d'entre eux, en libération conditionnelle, acceptent de se rencontrer pour la première fois, à peine sortis de prison, pour faire le point sur leur action. Ils racontent dans FLQ comment leur organisation n'était pas sans failles et nous font part de leur réflexion sur le statut et le rôle du Québec en tant que nation. Ils ne sont pas des délinquants qui ont mal tourné, comme on les a présentés à l'époque. À vous de juger.

1968. Le titre du film, Taire des hommes tourne en dérision le slogan de l'Expo 67, Terre des hommes. Lors du défilé de la Saint-Jean-Baptiste du 24 juin 1968, la veille des élections fédérales, des militants attaquent la tribune où était assis Pierre Elliott Trudeau, dirigeant du Parti libéral du Canada. La police charge. Près de 300 personnes sont arrêtées, dont Paul Rose et Jacques Lanctôt, qui font alors connaissance. Tourné à chaud durant les jours qui suivent, le film donne la parole à des manifestants qui racontent leur arrestation et leur détention. Des images montrent les interventions de la police, ce qui donne de la crédibilité à leur récit. On y sent l'état d'esprit tant des manifestants que des policiers lors de cette journée qui est passée à l'histoire sous le nom du Lundi de la matraque. C'est un tournant dans la radicalisation des camps opposés politiquement.

1972. Montés bout à bout, les trois rouleaux de pellicule de ce film restituent le temps d’énonciation d’un manifeste énoncé par Pierre Vallières. Wieland filme en gros plan la bouche du militant, éliminant toute distraction visuelle et se concentrant sur la voix, le ton, et le propos. Pierre Vallières témoigne des liens cruciaux pour le militant entre l'indépendantisme québécois, le féminisme et les luttes de reconnaissance des droits des peuples autochtones. Ce film permet également de comprendre le titre - contesté aujourd'hui - de Vallières, *Nègres blancs d'Amérique*, dans ses dimensions théoriques, historiques et politiques.

1974. Quatre ans après la crise d'Octobre paraît Les événements d'octobre 70 de Robin Spry, réalisateur canadien-anglais, qui plus est ! Ce film de montage est réalisé à partir d'archives qui retracent chronologiquement le fil des événements, le tout étant entrecoupé d'interventions par les politiciens alors en poste. On voit le point de vue officiel, restitué tel quel, sans analyse. C'est là l'intérêt et la limite de ce document.

1974. Film culte s'il en est un, chef-d'œuvre québécois qui s'est mérité le prix de la mise en scène au Festival de Cannes de 1975, Les Ordres du chantre du cinéma direct Michel Brault, allie habilement documentaire et fiction pour traduire la gravité de l'adoption de la Loi sur les mesures de guerre, entraînant la suspension des libertés civiles. Il interroge également la suspension des consciences, quand les gens se soumettent sans réfléchir, simplement parce que ce sont « les ordres ».

1994. Une vingtaine d'années après la crise d'Octobre, le réalisateur Jean-Daniel Lafond a réuni quatre felquistes : Pierre Vallières, Charles Gagnon, Robert Comeau et Francis Simard. Au cours de différents entretiens, il font un retour sur leur action politique sans taire les dissensions entre eux. La liberté en colère permet de voir les différentes avenues idéologiques empruntées par les penseurs du FLQ.

Jean-Pierre Masse Cinéaste

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