Mondes fragiles

05/12/2025 Editos

Mondes fragiles

Cette semaine, Tënk a le plaisir d'offrir une carte blanche à Vues sur mer, incontournable festival de cinéma documentaire basé à Gaspé. Du fleuve Saint-Laurent aux reliefs mexicains en passant par l’immensité de l’Amazonie, le voyage cinématographique proposé par Maxime Boucher, directeur de programmation du festival,  traverse des territoires menacés — le fleuve, la forêt, la montagne — et révèle les gestes humains qui tentent encore de retenir ce qui glisse, de réparer ce qui se brise, de témoigner avant l’effacement. Qu’il s’exprime par la danse, l’enquête, le voyage ou la contemplation, ce cinéma documente la fragilité du vivant tout en cherchant les formes d’une résistance possible. À travers ces quatre œuvres, une même intuition se dégage : filmer devient un acte de soin, une manière de réinventer notre lien à une terre qui, partout, appelle à être protégée.

Partenaire précieux de Tënk depuis ses débuts, Vues sur mer est l’un des rares festivals québécois entièrement dédiés au cinéma documentaire. Fondé en 2011, le festival met chaque année en lumière des œuvres d’ici et d’ailleurs, célébrant autant les cinéastes bien établi·e·s que la relève, notamment gaspésienne, dans un esprit d’ouverture et de collégialité. Fidèle à sa mission d’offrir à la population gaspésienne un accès privilégié au documentaire d’auteur — par des projections, des rencontres et des activités riches de sens — Vues sur mer contribue activement au rayonnement d’un cinéma sensible, engagé et ancré dans son territoire. 

La 16e édition du festival se tiendra du 9 au 12 avril 2026, à Gaspé. 

C'est un rendez-vous!
 



Au Mexique, où la terre est convoitée, dépecée et brûlée, les personnes qui se portent à la défense du territoire avancent désormais sur des chemins minés. Avec une rigueur d’enquête et une sensibilité rare, Julien Élie expose l’envers le plus sombre de l’industrialisation : déplacements forcés, corruption enracinée, violence systémique et assassinats de leaders communautaires. La garde blanche est un film révoltant et profondément humain, qui donne accès au courage quotidien de celles et ceux qui refusent de se taire. 

Essai politique, road movie documentaire et carnet de voyage, le nouveau film de Santiago Bertolino remonte les 4000 km du fleuve Amazone en suivant l’écologiste et ethnogéographe Marie-Josée Béliveau. Ensemble, ils rencontrent celles et ceux qui protègent la forêt, souvent au péril de leur sécurité. Le film fait entendre des voix rarement captées : des témoignages vibrants issus de communautés qui luttent contre l’avancée destructrice de la modernité occidentale. Amazonie, à la rencontre des gardiens et des gardiennes de la forêt met en lumière la force collective des peuples autochtones et rappelle l’urgence de préserver ce qui demeure.

Marée noire est un cri du vivant, un sursaut face aux éléments. Chorégraphe et pionnière de la vidéodanse, Chantal Caron façonne ici une œuvre viscérale tournée in situ sur les rives du fleuve Saint-Laurent. En mêlant danse contemporaine, paysage sauvage et messages environnementaux percutants, le film propose un rituel de résistance où les corps semblent lutter, comme un ultime rappel de l’urgence de préserver ce lien fragile — et vital — qui nous unit à la nature.

Avec Bouscueil, Thomy Laporte signe une œuvre poétique tournée en 16 mm et en Super 8, où les images se déposent comme des fragments de mémoire. Empruntant son titre à un mot québécois décrivant les amoncellements de glace flottante sur le Saint-Laurent, le film transforme ce phénomène naturel en métaphore délicate de l’éphémère. Lentement, la nature s’imprime en nous : les glaces s’entrechoquent, les courants sculptent le paysage, et l’image argentique ravive nos propres souvenirs. Bouscueil devient alors un rappel urgent de ce qui menace de se dissoudre, nous invitant à mieux chérir ce territoire.

Bonnes découvertes!

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