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Autoportraits de famille, parcourir l’écart

Autoportraits de famille, parcourir l’écart

Les films de cette escale présentent le cinéma comme moyen d’explorer la distance – qu’elle soit culturelle, géographique, générationnelle – qui parfois se creuse entre les membres d’une même famille. Mais si la caméra se pose en témoin d’un décalage, elle œuvre aussi, dans chaque film choisi, à favoriser le rapprochement humain, à retisser les liens, à solidifier l’ancrage culturel de nos identités complexes et multiples. Le cinéma est donc ici observateur d’un éloignement, mais devient aussi agent réparateur, se transformant en un moyen de traverser l’écart, de combler le gouffre. Par des approches narratives et esthétiques singulières, les cinéastes de ce programme explorent les possibilités artistiques et narratives du cinéma, à leur manière, pour incarner la quête personnelle que chacune mène.

Dans Les deux visages d’une femme bamiléké, oeuvre personnelle qui résonne en un hommage sensible aux femmes camerounaises, Rosine Mbakam y consolide et renouvelle son ancrage familial et culturel, qu’elle souhaite transmettre à son fils. Puis, nous transportant dans une mémoire fragmentée, autant sur le plan des formats que des sources, l'inventif film hybride Damascus Dreams amenuise la distance entre la cinéaste et son père né en Syrie. C’est également pour traverser un écart, pour témoigner d’un abîme – celui d’une souffrance collective, d’une génération effacée – que Chantal Akerman, avec Dis-moi, fait renaître par la parole accordée ces femmes rescapées de l’Holocauste, avec sa grand-mère comme toile de fond, comme un fantôme de survivance. La grand-mère est aussi figure centrale du premier long-métrage de Jacquelyn Mills, Parmi les vagues, alors que la documentariste en fait le portrait en lettre d’amour, en lettre d’adieu, tissant un hommage à cette affection intergénérationnelle, à cette distance de l’âge qui éloigne mais qui, jamais, ne dilue la tendresse. Avec son film Fuku Nashi, la quête identitaire de la cinéaste Juli Sando unit et confond le réel et l'(auto)fiction dans une sorte de huis clos unifiant avec sa grand-mère. 

Au-delà des approches artistiques plurielles des œuvres de cette escale, la démarche documentaire s’y révèle comme une entreprise à la fois unique et collective, affirmant que, par le cinéma, le personnel devient politique et le spécifique peut réellement ouvrir à l’universel. 


 

Hubert Sabino-Brunette et Charlotte Lehoux

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