Rescapée mais amnésique de l'attentat à la station de métro Maalbeek le 22 mars 2016 à Bruxelles, Sabine cherche l'image manquante d'un événement surmédiatisé et dont elle n'a aucun souvenir.
Réalisateur | Ismaël Joffroy Chandoutis |
Acteur | Claire Valade |
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L’adage, contradictoire ou même cocasse, veut que la mémoire soit une faculté qui oublie. Et pourtant, les méandres infinis de la mémoire sont effectivement mystérieux et souvent d’une fiabilité très relative. Avec Maalbeek, Ismael Joffroy Chandoutis pousse l’exploration de ce paradoxe fascinant dans ses derniers retranchements avec un extraordinaire assemblage, à la fois poétique et expérimental, de témoignages visuels et sonores absolument terribles de l’explosion à la station de métro Maalbeek à Bruxelles, en 2016. Faisant sienne la qualité fluctuante des images recueillies de sources diverses (photos, articles de journaux, reportages télé, extraits de caméras de surveillance, vidéos tournées sur iPhone, tournage original, etc.), Chandoutis en manipule le grain, la texture, les pixels, créant des images fantomatiques qui semblent se désagréger tout en laissant apparaître des ombres et des formes imprécises que notre œil est biologiquement programmé pour identifier comme étant humaines. La narratrice, l’une des victimes de l’attentat, se cherche dans toutes celles-ci, une blessure à la tête ayant évacué pour elle tout souvenir de l’attaque. Elle essaie ainsi de comprendre et d’apprivoiser ce moment charnière de sa vie qui reste un trou béant dans ses souvenirs. Il résulte de ce collage une réflexion magistrale, évitant tout sensationnalisme et toute sensiblerie, sur la double importance troublante de la mémoire et de l’oubli, mais aussi sur la place, la puissance et la vérité déconcertantes des images omniprésentes de notre monde contemporain.
Claire Valade
Critique et programmatrice
L’adage, contradictoire ou même cocasse, veut que la mémoire soit une faculté qui oublie. Et pourtant, les méandres infinis de la mémoire sont effectivement mystérieux et souvent d’une fiabilité très relative. Avec Maalbeek, Ismael Joffroy Chandoutis pousse l’exploration de ce paradoxe fascinant dans ses derniers retranchements avec un extraordinaire assemblage, à la fois poétique et expérimental, de témoignages visuels et sonores absolument terribles de l’explosion à la station de métro Maalbeek à Bruxelles, en 2016. Faisant sienne la qualité fluctuante des images recueillies de sources diverses (photos, articles de journaux, reportages télé, extraits de caméras de surveillance, vidéos tournées sur iPhone, tournage original, etc.), Chandoutis en manipule le grain, la texture, les pixels, créant des images fantomatiques qui semblent se désagréger tout en laissant apparaître des ombres et des formes imprécises que notre œil est biologiquement programmé pour identifier comme étant humaines. La narratrice, l’une des victimes de l’attentat, se cherche dans toutes celles-ci, une blessure à la tête ayant évacué pour elle tout souvenir de l’attaque. Elle essaie ainsi de comprendre et d’apprivoiser ce moment charnière de sa vie qui reste un trou béant dans ses souvenirs. Il résulte de ce collage une réflexion magistrale, évitant tout sensationnalisme et toute sensiblerie, sur la double importance troublante de la mémoire et de l’oubli, mais aussi sur la place, la puissance et la vérité déconcertantes des images omniprésentes de notre monde contemporain.
Claire Valade
Critique et programmatrice
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