Zuza Banasińska réinvente la célèbre sorcière slave Baba Yaga par un savant montage de films au contenu sexiste du Studio de cinéma éducatif de Łódź. Interrogeant sa propre non-binarité à travers une troublante voix off qui raconte l’histoire d’une famille matriarcale, l'artiste libère la dimension queer d’images chargées de transmettre une conception normative de l’identité.
Réalisateur | Zuza Banasińska |
Acteurs | Maude Trottier, Maude Trottier |
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Des archives filmiques issues de la collection du Łódź Educational Film Studio, une matière audiovisuelle assemblée durant l'ère communiste de la Pologne et à forte teneur propagandiste, Zuza Banasińska forge un contre-récit mordant. Comment faire œuvre de matériaux archivistiques négatifs, d'images avec lesquelles nous ne sommes pas d'accord, demande en pointillé le film, à travers, notamment, l'invention de Baba Yaga, une déesse préhistorique matriarcale dont la rumeur court dans la voix off d'un·e enfant nous servant de guide. Cette créature commente les images de sa propre naissance et nous présente les membres de sa famille constituée d'une grand-mère, d'une maman, d'une tante, d'une sœur et d'un chat. À travers ce commentaire et cette voix trafiquée, un lien ésotérique se noue entre les êtres, comme une membrane invisible et ancienne réverbérée dans les images défilantes. En émanent une monstruosité séduisante, un principe secret, une sape conceptuelle, une régénération incessante.
Depuis son rythme de montage, ses effets d'ironie, le détournement de ses matériaux primaires, Grandmamauntsistercat déploie une déferlante énergétique, contre-documentant un patriarcat agglutiné à des formes biologiques et ponctuellement molles. Ce sont tantôt un mollusque qui s'étire, tantôt des molécules qui dansent, tantôt une glotte qui s'ouvre et se referme et qui, ainsi saisis dans les intonations et le récit de l'enfant·e, entament une seconde naissance, décalée et tapageuse.
Maude Trottier
Rédactrice en chef, revue Hors champ
Des archives filmiques issues de la collection du Łódź Educational Film Studio, une matière audiovisuelle assemblée durant l'ère communiste de la Pologne et à forte teneur propagandiste, Zuza Banasińska forge un contre-récit mordant. Comment faire œuvre de matériaux archivistiques négatifs, d'images avec lesquelles nous ne sommes pas d'accord, demande en pointillé le film, à travers, notamment, l'invention de Baba Yaga, une déesse préhistorique matriarcale dont la rumeur court dans la voix off d'un·e enfant nous servant de guide. Cette créature commente les images de sa propre naissance et nous présente les membres de sa famille constituée d'une grand-mère, d'une maman, d'une tante, d'une sœur et d'un chat. À travers ce commentaire et cette voix trafiquée, un lien ésotérique se noue entre les êtres, comme une membrane invisible et ancienne réverbérée dans les images défilantes. En émanent une monstruosité séduisante, un principe secret, une sape conceptuelle, une régénération incessante.
Depuis son rythme de montage, ses effets d'ironie, le détournement de ses matériaux primaires, Grandmamauntsistercat déploie une déferlante énergétique, contre-documentant un patriarcat agglutiné à des formes biologiques et ponctuellement molles. Ce sont tantôt un mollusque qui s'étire, tantôt des molécules qui dansent, tantôt une glotte qui s'ouvre et se referme et qui, ainsi saisis dans les intonations et le récit de l'enfant·e, entament une seconde naissance, décalée et tapageuse.
Maude Trottier
Rédactrice en chef, revue Hors champ
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