Plus de vingt ans après son décès, c’est l’image d’une femme résolument libre et engagée que la chanteuse Pauline Julien continue de projeter dans ce documentaire que lui consacre Pascale Ferland. Suivant un minutieux choix d’extraits d’entrevues, de spectacles et de photos, puisés à même un colossal et riche fonds d’archives, _Pauline Julien, intime et politique_ nous entraîne, des années 1950 aux années 1990, dans le sillage de cette figure emblématique de la chanson québécoise. Entière et parfois vulnérable, l’artiste s’y raconte sans fard à travers des confidences, des chansons et des passages de son journal intime. Une vivante leçon d’histoire du Québec à travers le portrait d’une femme inspirante dont les idéaux souverainistes et féministes résonnent encore aujourd’hui.
Réalisateur | Pascale Ferland |
Acteur | L'équipe de Tënk |
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Pour bien des Québécois·e·s, sa voix unique est instantanément reconnaissable, ce mélange d’accent français dit international et de « r » bien roulés, ces tonalités graves, mais modulées, cette énonciation parfaite dans la langue de Molière et de Vigneault. Sa tignasse aussi l’identifie au premier coup d’œil, toujours abondante, peu importe qu’on la voie avec sa coiffure bien ordonnée au bouffant typique des années 1960 ou sa volumineuse crinière cascadante des années 1970 et 1980 (on aurait dû la surnommer « La lionne » plutôt que « La renarde »). Sa grande bouche généreuse, sa silhouette élancée, ses gestes fougueux, mais précis, éloquents, passionnés. Cette aura si caractéristique et si éblouissante aurait suffi pour garder bien vivant le souvenir de l’unique Pauline Julien, plus d’un quart de siècle après son suicide en 1998. Mais comme le rappelle ce merveilleux documentaire de Pascale Ferland, Pauline Julien était aussi bien plus que cela.
De ses débuts à Paris à son décès prématuré, la réalisatrice explore les mille et une vies ferventes de celle qui n’a jamais quitté la scène, après avoir foulé les planches comme comédienne à ses débuts avant de bifurquer plus fermement vers la chanson. Les nombreux extraits de spectacles, d’entrevues, d’événements, de souvenirs personnels, de ralliements politiques permettent non seulement de brosser le portrait multiforme et tentaculaire de celle qui se dit être tout à la fois « femme, chanteuse, artiste, amoureuse, militante, nationaliste », mais aussi celui plus vaste de la nation québécoise à laquelle elle a cru et qu’elle a défendue de tout son être, des cabarets parisiens aux ondes de la télévision du ROC. Ses mots et son engouement — pour le poète Gérald Godin (son grand amour), pour le Québec, pour la langue française, pour la culture des Québécois·e·s — résonnent haut et fort dans ce film remarquable qui a su entremêler, comme son titre l’indique, l’intime et le politique incarnés en cette femme exceptionnelle qui a marqué notre histoire. Entre les chansons (Jack Monoloy, L’âme à la tendresse, La Manic) et les actions militantes, c’est une femme vibrante, entière, forte et fragile à la fois que Pascale Ferland révèle et qui reste un exemple d’engagement total et de liberté totale.
Claire Valade
Critique et programmatrice
Pour bien des Québécois·e·s, sa voix unique est instantanément reconnaissable, ce mélange d’accent français dit international et de « r » bien roulés, ces tonalités graves, mais modulées, cette énonciation parfaite dans la langue de Molière et de Vigneault. Sa tignasse aussi l’identifie au premier coup d’œil, toujours abondante, peu importe qu’on la voie avec sa coiffure bien ordonnée au bouffant typique des années 1960 ou sa volumineuse crinière cascadante des années 1970 et 1980 (on aurait dû la surnommer « La lionne » plutôt que « La renarde »). Sa grande bouche généreuse, sa silhouette élancée, ses gestes fougueux, mais précis, éloquents, passionnés. Cette aura si caractéristique et si éblouissante aurait suffi pour garder bien vivant le souvenir de l’unique Pauline Julien, plus d’un quart de siècle après son suicide en 1998. Mais comme le rappelle ce merveilleux documentaire de Pascale Ferland, Pauline Julien était aussi bien plus que cela.
De ses débuts à Paris à son décès prématuré, la réalisatrice explore les mille et une vies ferventes de celle qui n’a jamais quitté la scène, après avoir foulé les planches comme comédienne à ses débuts avant de bifurquer plus fermement vers la chanson. Les nombreux extraits de spectacles, d’entrevues, d’événements, de souvenirs personnels, de ralliements politiques permettent non seulement de brosser le portrait multiforme et tentaculaire de celle qui se dit être tout à la fois « femme, chanteuse, artiste, amoureuse, militante, nationaliste », mais aussi celui plus vaste de la nation québécoise à laquelle elle a cru et qu’elle a défendue de tout son être, des cabarets parisiens aux ondes de la télévision du ROC. Ses mots et son engouement — pour le poète Gérald Godin (son grand amour), pour le Québec, pour la langue française, pour la culture des Québécois·e·s — résonnent haut et fort dans ce film remarquable qui a su entremêler, comme son titre l’indique, l’intime et le politique incarnés en cette femme exceptionnelle qui a marqué notre histoire. Entre les chansons (Jack Monoloy, L’âme à la tendresse, La Manic) et les actions militantes, c’est une femme vibrante, entière, forte et fragile à la fois que Pascale Ferland révèle et qui reste un exemple d’engagement total et de liberté totale.
Claire Valade
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