À l’occasion de la parution aux éditions Somme toute du livre de Patrick Barrès Défier le film. Le cinéma d’animation de Robert Breer, Tënk vous propose une escale autour du travail expérimental de ce cinéaste et artiste américain, cofondateur de la Film-Makers’ Cooperative aux côtés de Jonas Mekas, Shirley Clarke et Stan Brakhage.
Dans le cadre de cette introduction à l’œuvre de Robert Breer (1926-2011), les créations de trois autres artistes de l'expérimentation, intéressé.e.s par ses recherches ou en proximité avec les lignes de force de celles-ci (Pierre Hébert, Jennifer L. Burford et Robert Lapoujade) dialoguent avec les films de cet artiste dont la carrière a débuté par la peinture abstraite.
Ligne de fracture
Dans son ouvrage, Patrick Barrès, professeur à l’Université Toulouse Jean-Jaurès et spécialiste du cinéma d’animation, insiste sur le volet expérimental de l’œuvre de Breer, lequel est introduit par des actes engagés et subversifs qui imposent de déjouer les normes, de prendre des risques, de relever certains défis et de produire des œuvres manifestes.
Breer inscrit dans chacune de ses factures une ligne de fracture. Il rejette la dimension programmatique linéaire du chantier de création. Il bouscule les rationalités visuelles et cinématographiques, l’effet-cadre, la profondeur, les logiques formelles, la continuité filmique et le rythme fluide. Tout cela au profit d’une valorisation du processus créatif, d’une approche archaïque des matériaux, d’une expérimentation des paramètres filmiques, de l’adoption de nouvelles conduites créatrices et de l’instauration de motifs esthétiques très singuliers.
Ces pistes de recherche s’articulent autour de questions fortes : les relations entre dessin en mouvement et mouvement dessiné, la dialectique entre mouvement et fixité sur le plan de l’image et de la rythmique visuelle, les rapports entre couleur et perception, l’attache des motifs narratifs au scénario poïétique, les tensions entre figure et figuratif, qui se reconnaissent toutes comme des problématiques du cinéma d’animation dans son volet expérimental.
Un parti pris expérimental
Le choix des binômes proposés à l’occasion de cette escale souligne le parti pris expérimental, l’injonction, le défi lancé aux formes d’expression par Breer : « Défier le film. Défier la sculpture. »
Pierre Hébert nous offre, avec Le mont Fuji vu d’un train en marche, un film hybride qui combine, autour d’une même veine poétique, des prises de vues réelles effectuées lors de séjours au Japon et des performances filmées, avec des séquences graphiques qui les interprètent, les déclinent ou les détournent en modulations plastiques. Des animations graphiques plein cadre, au rythme saccadé et à effet clignotant, interfèrent avec des séquences filmées depuis le train, évoquant ainsi le Fuji de Robert Breer, auquel Hébert rend hommage et avec lequel il forme le premier binôme.
Jennifer L. Burford livre dans son film documentaire Chez Robert Breer un parcours d’exploration cinématographique de l’atelier du cinéaste, avec des plans serrés sur les manipulations effectuées par l’artiste à sa table de travail. A Man and His Dog Out For Air, qui complète ce deuxième binôme, constitue un bon exemple des recherches graphiques expérimentales de Robert Breer.
Robert Lapoujade complète le trio d’artistes « invité.e.s », avec Foules, un court métrage d’animation contemporain des premiers films expérimentaux de Breer, en affinité avec ses recherches sur la multiplicité des matériaux, la « non-relation » et l’« anticontinuité ».
Pour en savoir plus, le livre Toucher au cinéma, publié par Pierre Hébert à Somme toute pourrait vous intéresser, ainsi que le texte de Nicolas Thys autour de la série « Lieux et monuments ».
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Commentant une exposition du peintre Robert Lapoujade, Jean-Paul Sartre écrivait : « Robert Lapoujade donnera aux foules une matière mouvante rigoureusement unie au sein de la dispersion, l'unification explosive des foules ». Ce film, premier essai cinématographique du peintre, nous en propose une approche symbolique et abstraite. Par l'utilisation de poudres animées et de photographies réalist...
Quelques actions filmées lors d'une rencontre avec Robert Breer en février 1992. Robert Breer manipule quelques Mutoscopes, l'un des premiers dispositifs cinématographiques. Il feuillette une série de cartes de son film actuel *Sparkill Ave !*. Une sculpture en forme de dôme se déplace lentement.
Le mont Fuji vu d’un train en marche
Accès abonnementIl s’agit d’une méditation poétique et animée sur les impressions que m’ont laissées mes deux voyages au Japon, en 2003, puis en 2018. Dans les deux cas, j’ai ramené des images et des sons ainsi que des captations de mes performances, notamment celle avec le danseur-chorégraphe Teita Iwabushi. Une construction formelle traversée par plusieurs axes de tension : animation gravée sur pellicule/son...
Un film en trois parties. Des découpes de machines de guerre et la figure de Napoléon - contribuant à un thème anti-guerre - rencontrent des formes abstraites, des dessins au trait, des paysages de maîtres anciens, de courtes séquences de paysages « en temps réel » et des aquarelles gestuelles photographiées de manière tremblante ... « une synthèse de toutes les techniques précédentes » dira ...
Les gens semblent lire dans le titre du film bien plus que ce que j'ai voulu y mettre lorsque je l'ai réalisé. Voir l'homme et son chien à la fin du film est un peu une blague..., c'est l'absurdité qui fait accepter au public ce qui est en fait un jeu libre de lignes et de rythmes purs. « C'est l'un des meilleurs films d'animation de Breer, l'un des plus connus et des plus accessibles. Les lig...
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