En attendant Casimir

En cette ère d’hypermodernité, le temps est un tyran. Le tic-tac de nos existences s’est accéléré à un rythme qui n’a plus grand-chose d’humainement assimilable. Dans En attendant Casimir, Christian Mathieu Fournier nous ouvre les portes d’une maison qui a été oubliée par ce sinistre dictateur. Dans une résidence pour aîné·e·s qui accueille davantage d’horloges que de résident·e·s, le huis clos est rythmé par le cliquetis des pendules et le souffle des respirations souffreteuses.

L’univers improbable et décalé construit par le cinéaste ouvre un portail imaginaire qui donne à ressentir ce que peut être le temps incarné dans un corps vieillissant. Alors que l’enfance s’invite par le biais d’une jeune fille dansant pieds nus dans un lever de soleil, que la mort semble rôder dans les rues crépusculaires d’un village atemporel, que l’absurde teinte les gestes professionnels d’une équipe de télévision communautaire et que la poésie survient au détour des quelques phrases prononcées par des résident·e·s somnambuliques, En attendant Casimir nous plonge dans un temps entre le sommeil et l’éveil, là où surgissent les plus étonnantes visions. Entre théâtre de l’absurde, cinéma d’observation et poésie surréaliste, ce film réinvente admirablement la façon de faire du documentaire; c’est-à-dire de faire exploser le réel pour en dévoiler les secrets invisibles.

Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk