Le Southern Bypass est une route située au sud de Nairobi, au Kenya, qui mène au cœur de la ville. Cette prise de vue unique a été filmée entre 5h49 et 6h00 du matin, dans la direction du lever du soleil. Le motocycliste est un boda-boda, un service de moto-taxi. Sa provenance et sa destination sont accessoires par rapport à son état d'être. Immobile, c'est le monde autour qui bouge.
Réalisateur | christopher tym |
Acteur | Maude Trottier |
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Premier volet d’une trilogie de courts films portant sur des figures en déplacement, Southern Bypass: 5.49-6am, en sa valeur inaugurale, nous positionne tout près de son motocycliste et simultanément, dans l’œil de la caméra qui le suit et le filme. Nous y sommes au Kenya sur une route menant vers Nairobi, à quelque distance arrière d’un corps qui nous fait donc dos et pourtant soudés, rivés à l’action mécanique qui le porte. Ce conducteur et moi (et vous) pouvons témoigner de la sensation de la route, des effets de légers éclairs au passage des lampadaires sur fond de nuit et graduellement, des transformations du ciel percé de jour en ses épais nuages. Alors que nous ne saurons jamais rien l’un de l’autre, ce conducteur et moi (et vous) partageons la lumière, le temps et l’espace, c’est-à-dire un ruban de route, dans une forme d’intimité silencieuse et puis soumise à l’action des boucles musicales créées par Joseph Kamaru. Nous sommes à la fois fixes et en mouvement, passifs et actifs, traversés par la récursivité des coudées de route et de son. La trame qui s’est levée comme le jour qui vient augmente notre amitié d’un cran. L’image même nous semble alors légèrement ralentie, mais sans doute l’était-elle déjà.
Ensemble, nous sommes sans point de départ ni d’arrivée. Quelque chose de l’ordre de la flottaison caractérise notre avancée. Nous partageons onze minutes d’aube et par la curieuse symbiose opérée, peut-être devenons-nous même cette aube, peut-être devenons-nous même ce mouvement ondoyant, en direction du soleil.
Maude Trottier
Rédactrice en chef, revue Hors champ
Premier volet d’une trilogie de courts films portant sur des figures en déplacement, Southern Bypass: 5.49-6am, en sa valeur inaugurale, nous positionne tout près de son motocycliste et simultanément, dans l’œil de la caméra qui le suit et le filme. Nous y sommes au Kenya sur une route menant vers Nairobi, à quelque distance arrière d’un corps qui nous fait donc dos et pourtant soudés, rivés à l’action mécanique qui le porte. Ce conducteur et moi (et vous) pouvons témoigner de la sensation de la route, des effets de légers éclairs au passage des lampadaires sur fond de nuit et graduellement, des transformations du ciel percé de jour en ses épais nuages. Alors que nous ne saurons jamais rien l’un de l’autre, ce conducteur et moi (et vous) partageons la lumière, le temps et l’espace, c’est-à-dire un ruban de route, dans une forme d’intimité silencieuse et puis soumise à l’action des boucles musicales créées par Joseph Kamaru. Nous sommes à la fois fixes et en mouvement, passifs et actifs, traversés par la récursivité des coudées de route et de son. La trame qui s’est levée comme le jour qui vient augmente notre amitié d’un cran. L’image même nous semble alors légèrement ralentie, mais sans doute l’était-elle déjà.
Ensemble, nous sommes sans point de départ ni d’arrivée. Quelque chose de l’ordre de la flottaison caractérise notre avancée. Nous partageons onze minutes d’aube et par la curieuse symbiose opérée, peut-être devenons-nous même cette aube, peut-être devenons-nous même ce mouvement ondoyant, en direction du soleil.
Maude Trottier
Rédactrice en chef, revue Hors champ
Southern Bypass: 5.49-6am