1965 : Dimitri et Christine traversent le Proche et le Moyen-Orient en voiture. Ils filment leur voyage avec une caméra 8mm et enregistrent un journal de bord sur un magnétophone à bandes. _Journal afghan_ se construit à partir de ces traces. En les rejouant sur le modèle chaotique de la rémanence du souvenir, il propose une nouvelle expérience du voyage, ainsi qu’une plongée sensible dans les mécanismes de la mémoire.
Réalisateur | Cédric Dupire |
Acteur | Jason Burnham |
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Journal afghan de Cédric Dupire est né d’un heureux hasard.
Après avoir découvert, dans le sous-sol de sa tante, une boîte remplie de bobines de film et de bandes audio anonymes datant des années 1960, le cinéaste tombe peu à peu sous le joug de ce matériau confidentiel et mystérieux. De cette exhumation improbable découlera ce film fascinant qui nous invite à une traversée unique à partir d’archives revisitées; une réinterprétation poétique et expérimentale d’un journal de voyage explorant les méandres de la mémoire et du souvenir, tout en questionnant notre rapport aux images et à qui elles sont destinées.
De ces archives émergent tant de questions et si peu de réponses. L’impression d’accéder à des fragments de vie, aux voix de ces êtres-fantômes qui nous parlent depuis une autre dimension. Qui étaient Christine et Dimitri? Pourquoi documentaient-ils ce moment de leur vie? À qui destinaient-ils leurs films et leurs enregistrements? Ce journal, d’apparence banale, révèle des strates profondes de significations, témoignant à la fois d’un regard occidental sur l’«Autre» et d’un désir de capter l’éphémère, d’immortaliser ces instants vécus pour conjurer l’oubli.
Porté par une riche conception musicale et sonore, le film entrelace brillamment bruits organiques et musiques lancinantes pour créer des paysages sonores haptiques. On y ressent presque sur notre peau la chaleur du sable, la caresse du vent, le rythme des vagues. Ces éléments renforcent l’immersion et rappellent l’essence même des voyages : une traversée sensorielle et transformatrice du monde. Les commentaires fragmentés des deux voyageurs, d’abord anecdotiques, ponctuent les images fantomatiques défilant sous nos yeux avant de se transformer en une litanie envoûtante. Loin d’une narration linéaire, le montage s’inspire du chaos et des réminiscences du souvenir, recréant des paysages mentaux où différentes temporalités coexistent. À travers cette œuvre, Dupire interroge également le rôle de l’artiste face à l’archive. En se réappropriant ces matériaux, il leur insuffle une nouvelle vie tout en préservant leur caractère intime et énigmatique.
Journal afghan est une méditation captivante sur le temps, la mémoire et le regard que nous portons sur nos propres souvenirs. Une œuvre qui invite à revisiter notre rapport à l’histoire et à l’éphémère. Et si, au fond, les archives de ce couple nous étaient destinées à nous, spectateur·trice·s, et n’attendaient que le regard et la sensibilité de Dupire pour se révéler pleinement au monde?
Jason Burnham
Responsable éditorial de Tënk
Journal afghan de Cédric Dupire est né d’un heureux hasard.
Après avoir découvert, dans le sous-sol de sa tante, une boîte remplie de bobines de film et de bandes audio anonymes datant des années 1960, le cinéaste tombe peu à peu sous le joug de ce matériau confidentiel et mystérieux. De cette exhumation improbable découlera ce film fascinant qui nous invite à une traversée unique à partir d’archives revisitées; une réinterprétation poétique et expérimentale d’un journal de voyage explorant les méandres de la mémoire et du souvenir, tout en questionnant notre rapport aux images et à qui elles sont destinées.
De ces archives émergent tant de questions et si peu de réponses. L’impression d’accéder à des fragments de vie, aux voix de ces êtres-fantômes qui nous parlent depuis une autre dimension. Qui étaient Christine et Dimitri? Pourquoi documentaient-ils ce moment de leur vie? À qui destinaient-ils leurs films et leurs enregistrements? Ce journal, d’apparence banale, révèle des strates profondes de significations, témoignant à la fois d’un regard occidental sur l’«Autre» et d’un désir de capter l’éphémère, d’immortaliser ces instants vécus pour conjurer l’oubli.
Porté par une riche conception musicale et sonore, le film entrelace brillamment bruits organiques et musiques lancinantes pour créer des paysages sonores haptiques. On y ressent presque sur notre peau la chaleur du sable, la caresse du vent, le rythme des vagues. Ces éléments renforcent l’immersion et rappellent l’essence même des voyages : une traversée sensorielle et transformatrice du monde. Les commentaires fragmentés des deux voyageurs, d’abord anecdotiques, ponctuent les images fantomatiques défilant sous nos yeux avant de se transformer en une litanie envoûtante. Loin d’une narration linéaire, le montage s’inspire du chaos et des réminiscences du souvenir, recréant des paysages mentaux où différentes temporalités coexistent. À travers cette œuvre, Dupire interroge également le rôle de l’artiste face à l’archive. En se réappropriant ces matériaux, il leur insuffle une nouvelle vie tout en préservant leur caractère intime et énigmatique.
Journal afghan est une méditation captivante sur le temps, la mémoire et le regard que nous portons sur nos propres souvenirs. Une œuvre qui invite à revisiter notre rapport à l’histoire et à l’éphémère. Et si, au fond, les archives de ce couple nous étaient destinées à nous, spectateur·trice·s, et n’attendaient que le regard et la sensibilité de Dupire pour se révéler pleinement au monde?
Jason Burnham
Responsable éditorial de Tënk
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