Dans un monde pas si lointain, il existe un château où la vie se prolonge éternellement grâce à d’étranges pilules. À 88 ans, Madeleine se voit comme la princesse de ce château qu’elle habitera « à la vie, à la mort », jusqu’au jour où elle est forcée de déménager. Récit troublant d’une femme attachante à l’aube de perdre ses repères dans un système où chaque personne âgée entre dans une petite case.
Réalisateur | Denys Desjardins |
Acteur | Hubert Sabino-Brunette |
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Le Château révèle la vie dans une de ces tours résidentielles privées pour personnes âgées qui participent à transformer nos paysages urbains, et notre rapport à la vieillesse. Denys Desjardins centre son regard sur sa mère, une octogénaire heureuse dans son modeste appartement, entourée de ses souvenirs qui s’effritent. Le cinéaste inclut aussi habilement dans ce portrait de famille d’autres résident.e.s qui gravitent autour de cette femme charmante (et charmeuse), donnant ainsi à voir et à entendre des personnes et des paroles trop souvent hors des œillères de notre société.
Ce film documente d’abord le quotidien d’une Madeleine sociable et enjouée, sans nier le geste cinématographique qui est derrière sa captation. Desjardins construit même des scènes sous nos yeux, ordonnant tendrement à sa mère des gestes coutumiers, à la manière d’un metteur en scène dirigeant une actrice. De cette approche intéressante émergent la personnalité rieuse de Madeleine, la nature profonde d’une relation intime empreinte d’un amour réciproque (entre le cinéaste, sa sœur et mère), mais également la confirmation d’un accord tacite de cette dernière (tout comme pour l’ensemble des personnes présentes à l’écran) à être filmée, à « jouer » son propre rôle. Cette éthique admirable prend tout son sens lorsque la mémoire et les facultés cognitives de Madeleine s’étiolent, la rendant des plus vulnérables, mais jamais victime d’un regard voyeur.
Marquée par une construction sonore travaillée, cette nouvelle réalité impose au film un changement réussi de rythme et de dynamique. Des plans s’étirent et quelques répétitions font alors littéralement vivre la difficulté de ce moment où les rôles changent ; où les enfants doivent prendre soin de leur mère. Évitant le misérabilisme, ce documentaire permet éventuellement aux larmes de terminer leurs trajectoires aux coins de sourires émus…
Hubert Sabino-Brunette
Enseignant, programmateur
Le Château révèle la vie dans une de ces tours résidentielles privées pour personnes âgées qui participent à transformer nos paysages urbains, et notre rapport à la vieillesse. Denys Desjardins centre son regard sur sa mère, une octogénaire heureuse dans son modeste appartement, entourée de ses souvenirs qui s’effritent. Le cinéaste inclut aussi habilement dans ce portrait de famille d’autres résident.e.s qui gravitent autour de cette femme charmante (et charmeuse), donnant ainsi à voir et à entendre des personnes et des paroles trop souvent hors des œillères de notre société.
Ce film documente d’abord le quotidien d’une Madeleine sociable et enjouée, sans nier le geste cinématographique qui est derrière sa captation. Desjardins construit même des scènes sous nos yeux, ordonnant tendrement à sa mère des gestes coutumiers, à la manière d’un metteur en scène dirigeant une actrice. De cette approche intéressante émergent la personnalité rieuse de Madeleine, la nature profonde d’une relation intime empreinte d’un amour réciproque (entre le cinéaste, sa sœur et mère), mais également la confirmation d’un accord tacite de cette dernière (tout comme pour l’ensemble des personnes présentes à l’écran) à être filmée, à « jouer » son propre rôle. Cette éthique admirable prend tout son sens lorsque la mémoire et les facultés cognitives de Madeleine s’étiolent, la rendant des plus vulnérables, mais jamais victime d’un regard voyeur.
Marquée par une construction sonore travaillée, cette nouvelle réalité impose au film un changement réussi de rythme et de dynamique. Des plans s’étirent et quelques répétitions font alors littéralement vivre la difficulté de ce moment où les rôles changent ; où les enfants doivent prendre soin de leur mère. Évitant le misérabilisme, ce documentaire permet éventuellement aux larmes de terminer leurs trajectoires aux coins de sourires émus…
Hubert Sabino-Brunette
Enseignant, programmateur