Interprétation très personnelle et poétique de l'oeuvre de Marie-Claire Blais, le film _L'insoumise_ évoque, à mi-chemin entre le documentaire et la fiction, le parcours de l'écrivaine québécoise à travers onze de ses romans. En filigrane, tout au long de cette découverte de l'oeuvre, le film laisse la voix, le regard et la lucidité de Marie-Claire Blais rappeler les événements sociaux et les drames humains qui ont fait naître chez elle l'urgence d'écrire.
Réalisateur | Jeannine Gagné |
Acteur | Naomie Décarie-Daigneault |
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La lecture d’une œuvre est une affaire bien personnelle. Si tout rapport au monde est interprétatif, le rapport à une œuvre littéraire, dans sa densité et son foisonnement de sens, est un amalgame particulièrement riche de commun et de particulier. L’intérêt réside tout autant dans ce qui lie les interprétations que dans la reconnaissance, avec curiosité, des saillances propres à chaque lecteur·trice. La proposition cinématographique de Jeannine Gagné parle d’abord et avant tout des paysages intérieurs qu’a fait naître l’écriture de Marie-Claire Blais chez elle. Il s’agit d’un geste médiatique fascinant, permettant de dévoiler une herméneutique en action. Quelles visions ont surgi chez Gagné de livre en livre? À quels mondes ces visions ont-elles donné naissance? Quels personnages ont pris vie et chair, à un point tel qu’elle a cherché à en fixer le visage? Les très beaux plans des jeunes vagabonds tragiques rendent ce procédé interprétatif particulièrement éloquent. Les langages se mélangent, les niveaux de réalité aussi, dans un brouillage des sens et des temporalités qui nous dévoilent la puissance inouïe de la littérature. L’œuvre de Blais, traversée d’insoumission et d’un engagement total face au monde et aux douleurs qu’il cherche à camoufler, devient ici personnifiée dans ces trois visages traversés par de multiples couches de signifiances. Les scènes de Gagné jouent ainsi le rôle de tropes, nous conviant à une lecture inimitable parce que singulière, et créant une nouvelle œuvre par le fait même. Si L’insoumise donne envie de plonger dans l’univers de Blais, elle en enrichit inévitablement notre prochaine lecture, marquant dorénavant notre imaginaire de ces scènes étranges et belles, et du visage tragique de la dramaturge.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk
La lecture d’une œuvre est une affaire bien personnelle. Si tout rapport au monde est interprétatif, le rapport à une œuvre littéraire, dans sa densité et son foisonnement de sens, est un amalgame particulièrement riche de commun et de particulier. L’intérêt réside tout autant dans ce qui lie les interprétations que dans la reconnaissance, avec curiosité, des saillances propres à chaque lecteur·trice. La proposition cinématographique de Jeannine Gagné parle d’abord et avant tout des paysages intérieurs qu’a fait naître l’écriture de Marie-Claire Blais chez elle. Il s’agit d’un geste médiatique fascinant, permettant de dévoiler une herméneutique en action. Quelles visions ont surgi chez Gagné de livre en livre? À quels mondes ces visions ont-elles donné naissance? Quels personnages ont pris vie et chair, à un point tel qu’elle a cherché à en fixer le visage? Les très beaux plans des jeunes vagabonds tragiques rendent ce procédé interprétatif particulièrement éloquent. Les langages se mélangent, les niveaux de réalité aussi, dans un brouillage des sens et des temporalités qui nous dévoilent la puissance inouïe de la littérature. L’œuvre de Blais, traversée d’insoumission et d’un engagement total face au monde et aux douleurs qu’il cherche à camoufler, devient ici personnifiée dans ces trois visages traversés par de multiples couches de signifiances. Les scènes de Gagné jouent ainsi le rôle de tropes, nous conviant à une lecture inimitable parce que singulière, et créant une nouvelle œuvre par le fait même. Si L’insoumise donne envie de plonger dans l’univers de Blais, elle en enrichit inévitablement notre prochaine lecture, marquant dorénavant notre imaginaire de ces scènes étranges et belles, et du visage tragique de la dramaturge.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk