_Sans faire d’histoire_, premier film de Jeannine Gagné coréalisé avec Michel Lamothe, propose le portrait saisissant d’un Montréal populaire des années 1970. Réalisé sans scénario et avec 600 pieds de pellicule, ce court métrage étudiant mélange librement images et sons, ces derniers agissant tels des échos de la psyché populaire, préfigurant déjà en cela _Aube urbaine_.
Réalisateurs | Jeannine Gagné, Michel Lamothe |
Acteur | L'équipe de Tënk |
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« J’aima pas les affaires qu’les hommes faisa. Le matin dans mon lit, j’attenda le "mill-whistle" qui sonna tout partout dans l’ciel pardessu la ville; j’garda dehors; les hommes, les femmes, les jeunes, il s’anala toute a la factorie dans l’frette avec leux pauvres "lunches". Ah ça m’faisa mal au coeur de penser qu’un bon jour, un beau matin du Bon Dieu, il faudra qu’j’alle avec eux-autres dans ces gros places sales plein d’train et d’ouvrage qui finis jamais. » Jack Kerouac, La nuit est ma femme, Février 1951.
Ces mots écrits en 1951 par un « Canadien Français m’nu au-monde a New England », Jean-Louis Lebris de Kérouac dit Ti-Jean, me semblent, malgré la distance temporelle et géographique et tout ce qui peut différencier le Lowell industriel des années 50 au Hochelaga populaire des années 70, exprimer la vérité existentielle des images de Lamothe et Gagné. Les deux comparses, étudiant·e·s en cinéma à Concordia, filment le quartier en hiver; sale, pauvre, vivant, sautillant comme un air d’harmonica, plein d’une vitalité si particulière, qui me semble particulièrement « canadienne-française», si tant est qu’une collectivité peut s’exprimer ainsi, dans une énergie à la fois désespérée et comique. Ce portrait d’hiver exhale la tendresse du regard des cinéastes, et réchauffe le coeur, donnant envie d’étreindre ce drôle de monde qui nous entoure, et de le sauver de la misère et du maudit ouvrage qui finit jamais.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk
« J’aima pas les affaires qu’les hommes faisa. Le matin dans mon lit, j’attenda le "mill-whistle" qui sonna tout partout dans l’ciel pardessu la ville; j’garda dehors; les hommes, les femmes, les jeunes, il s’anala toute a la factorie dans l’frette avec leux pauvres "lunches". Ah ça m’faisa mal au coeur de penser qu’un bon jour, un beau matin du Bon Dieu, il faudra qu’j’alle avec eux-autres dans ces gros places sales plein d’train et d’ouvrage qui finis jamais. » Jack Kerouac, La nuit est ma femme, Février 1951.
Ces mots écrits en 1951 par un « Canadien Français m’nu au-monde a New England », Jean-Louis Lebris de Kérouac dit Ti-Jean, me semblent, malgré la distance temporelle et géographique et tout ce qui peut différencier le Lowell industriel des années 50 au Hochelaga populaire des années 70, exprimer la vérité existentielle des images de Lamothe et Gagné. Les deux comparses, étudiant·e·s en cinéma à Concordia, filment le quartier en hiver; sale, pauvre, vivant, sautillant comme un air d’harmonica, plein d’une vitalité si particulière, qui me semble particulièrement « canadienne-française», si tant est qu’une collectivité peut s’exprimer ainsi, dans une énergie à la fois désespérée et comique. Ce portrait d’hiver exhale la tendresse du regard des cinéastes, et réchauffe le coeur, donnant envie d’étreindre ce drôle de monde qui nous entoure, et de le sauver de la misère et du maudit ouvrage qui finit jamais.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk
Français