(Sin asunto)

Les oublié.e.s n’ont d’autre solution que de s’effacer. Après des années de mutisme, deux pères décident finalement d’adresser leurs regrets à leurs filles tandis qu’un crocodile semble fuir une réalité qu’il ne parvient pas à confronter. (Sin Asunto) croise des récits qui ont pour trait commun la mise en lumière du poids des non-dits. Un départ soudain, un accident : si les conséquences directes qu’impliquent ces situations sont identifiables, le malaise qu’elles génèrent, lui, peut s’installer sans signe manifeste. Il voile peu à peu le quotidien des individus concernés, s’infiltre insidieusement, puis se solidifie jusqu’à devenir totalisant. Ces discours de repentance mettent indirectement en lumière les sous-conversations qui habitent l’existence de celles et ceux à qui ils s’adressent. Certaines des facettes de leur vécu trop longtemps gommées, rendues taboues par souci de conformisme social ou par refus de s’y confronter. Ce film nous donne à voir des situations qui provoquent une inversion des rapports instaurés au sein de schémas familiaux classiques. On y perçoit la complexité liée à leur acception, et surtout, l’impact de leur non reconnaissance auprès des individus concernés : comment se construire face au déni d’une réalité qui nous est propre?

Yulia Kaiava
Assistante éditoriale de Tënk