Décembre 2010 : la révolution éclate en Tunisie, le pays du père de la réalisatrice. Les cris de fureur du peuple tunisien rejoignent d’une étrange manière l’agitation intérieure qui grandit en elle depuis quelques semaines. Traversant au même moment un épisode maniaco-dépressif d’une grande intensité, elle est diagnostiquée bipolaire et entre en clinique psychiatrique. Au sortir de cette longue dépression, elle n’a presque aucun souvenir de ce moment de vie. Restent des dizaines d’heures de rushes, des centaines de photos, deux carnets remplis d’écrits, de collages, de dessins... De précieuses traces palliant à son amnésie.
Réalisateur | Diane Sara Bouzgarrou |
Acteur | Amandine Gay |
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Quand on mentionne les états altérés de conscience, le réflexe est plutôt de penser davantage aux effets des psychotropes qu’à la bipolarité. Pourtant, en regardant le film de Diane Sara Bouzgarrou composé de fragments et de matériaux épars issus de crises maniaques dont elle tente de se souvenir avec nous, on ne peut qu’être projeté·e soi-même dans un voyage vers des contrées pleines de surprises – tantôt touchantes, tantôt effrayantes, souvent malaisantes. Pendant ses épisodes, Bouzgarrou ne filme pas pour susciter l’empathie et le documentaire rend très bien sa frénésie, ses obsessions et la détresse des personnes de son entourage, aussi patientes et aimantes qu’épuisées et paniquées. Et c’est ici que réside toute la puissance de Je ne me souviens de rien : pas de parole d’autorité, de rationalisation ou de résolution hollywoodienne, juste l’expression entière de la subjectivité d’une cinéaste bi/polaire/sexuelle/nationale qui nous rappelle qu’une artiste, c’est avant tout une personne douée de la capacité de nous faire voire le monde à travers son regard. Ou de nous faire plonger de l’autre côté du miroir sans tain!
Amandine Gay
Cinéaste
Quand on mentionne les états altérés de conscience, le réflexe est plutôt de penser davantage aux effets des psychotropes qu’à la bipolarité. Pourtant, en regardant le film de Diane Sara Bouzgarrou composé de fragments et de matériaux épars issus de crises maniaques dont elle tente de se souvenir avec nous, on ne peut qu’être projeté·e soi-même dans un voyage vers des contrées pleines de surprises – tantôt touchantes, tantôt effrayantes, souvent malaisantes. Pendant ses épisodes, Bouzgarrou ne filme pas pour susciter l’empathie et le documentaire rend très bien sa frénésie, ses obsessions et la détresse des personnes de son entourage, aussi patientes et aimantes qu’épuisées et paniquées. Et c’est ici que réside toute la puissance de Je ne me souviens de rien : pas de parole d’autorité, de rationalisation ou de résolution hollywoodienne, juste l’expression entière de la subjectivité d’une cinéaste bi/polaire/sexuelle/nationale qui nous rappelle qu’une artiste, c’est avant tout une personne douée de la capacité de nous faire voire le monde à travers son regard. Ou de nous faire plonger de l’autre côté du miroir sans tain!
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