_The Great Silence_ s’intéresse au plus grand radiotélescope à ouverture unique au monde, situé à Esperanza, à Porto Rico, qui émet et capte des ondes radio provenant des confins de l’univers. Ce site abrite également la dernière population sauvage de perroquets portoricains en voie de disparition, les Amazona vittata, qui vivent dans la forêt voisine de Rio Abajo. Les artistes Allora & Calzadilla ont collaboré avec l’auteur de science-fiction Ted Chiang sur un texte sous-titré explorant la traduction comme un moyen de repérer et de questionner les écarts irréductibles entre les êtres vivants, les choses inanimées, les humains, les animaux, les technologies et les forces cosmiques. Dans l’esprit d’une fable, ce récit livre les observations d’un oiseau sur la quête humaine de vie au-delà de la planète Terre, tout en s’appuyant sur la notion d’apprentissage vocal — une capacité partagée par les perroquets et les humains — comme point de départ d’une réflexion sur les voix acousmatiques, les ventriloquismes et les vibrations à l’origine du langage et de l’univers lui-même.
Réalisateur | Jennifer Allora & Guillermo Calzadilla |
Acteur | Emmanuel Bernier |
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Si ce n’était pas des sous-titres qui accompagnent une voix — manquante en l’occurrence! —, ce ne serait pas un film, simplement des images.
Ou plutôt, des images simples produites par des engins technologiques de pointe : micro, caméra, lentilles, tout un appareillage pris pour acquis dans notre monde sur-technologique à l’horizon stérile : des appareils qui lentement dévoilent… un appareil. Un radiotélescope, gigantesque bébelle de ferraille supposée pouvoir appeler et recevoir des sons extraterrestres, répondant en cela à nos mythes de grandeur humaine, ce que relève placidement le narrateur silencieux du film, un petit perroquet vert endémique de Porto Rico, espèce aux capacités langagières soi-disant avancées, surtout mobilisé pour illustrer la menace réelle que fait peser le genre Homo sur sa population. Inaudible à la méga-machine, sa voix est la métaphore du génie du complexe techno-industriel à rendre le monde indisponible, comme le dirait Hartmut Rosa, autrement dit à appauvrir nos horizons sensibles, extinctions de masse en sus.
Or est-ce là suffisant pour nous donner la nausée? Pour revoir nos mythes de pacotilles ou, à tout le moins, nos images de grandeur hollywoodienne à la Arrival — récit lui aussi adapté des écrits de l’auteur de science-fiction Ted Chiang? N’a-t-on pas suffisamment appris à déplacer, ouvrir, changer notre regard?
Blue, red, whatever pill… N’est-ce pas le temps de passer à l’étape supérieure et d'apprendre à détruire les bébelles qui sont nos chaînes, notre perte?
Emmanuel Bernier
Responsable des acquisitions chez Tënk
Si ce n’était pas des sous-titres qui accompagnent une voix — manquante en l’occurrence! —, ce ne serait pas un film, simplement des images.
Ou plutôt, des images simples produites par des engins technologiques de pointe : micro, caméra, lentilles, tout un appareillage pris pour acquis dans notre monde sur-technologique à l’horizon stérile : des appareils qui lentement dévoilent… un appareil. Un radiotélescope, gigantesque bébelle de ferraille supposée pouvoir appeler et recevoir des sons extraterrestres, répondant en cela à nos mythes de grandeur humaine, ce que relève placidement le narrateur silencieux du film, un petit perroquet vert endémique de Porto Rico, espèce aux capacités langagières soi-disant avancées, surtout mobilisé pour illustrer la menace réelle que fait peser le genre Homo sur sa population. Inaudible à la méga-machine, sa voix est la métaphore du génie du complexe techno-industriel à rendre le monde indisponible, comme le dirait Hartmut Rosa, autrement dit à appauvrir nos horizons sensibles, extinctions de masse en sus.
Or est-ce là suffisant pour nous donner la nausée? Pour revoir nos mythes de pacotilles ou, à tout le moins, nos images de grandeur hollywoodienne à la Arrival — récit lui aussi adapté des écrits de l’auteur de science-fiction Ted Chiang? N’a-t-on pas suffisamment appris à déplacer, ouvrir, changer notre regard?
Blue, red, whatever pill… N’est-ce pas le temps de passer à l’étape supérieure et d'apprendre à détruire les bébelles qui sont nos chaînes, notre perte?
Emmanuel Bernier
Responsable des acquisitions chez Tënk
Français
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