Tentative de reconstruction du segment du film _La Rabbia_ réalisé par Pier Paolo Pasolini en 1963 dans lequel à l'aide d'images d'archives des années 1950, il tente de répondre à la question existentielle: « Pourquoi nos vies sont-elles caractérisées par le mécontentement, l'angoisse et la peur ? »
Réalisateurs | Pier Paolo Pasolini, Giuseppe Bertolucci |
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Coincé entre un passé idiot et un futur cruel, le présent pasolinien est marqué par la guerre. Le montage d’archives qu’il propose écrase sous les images de la répression les aspirations émancipatrices des travailleurs, le reflet de liberté encore présent « sur le visage des pauvres et des affamés ». Les extraits choisis – le film nait d’une commande qui vise le remontage des actualités filmées du ciné-journal italien Mondo Libero – donnent à voir un monde de violence et de souffrance. Sans surprise, c’est par le texte que s’exposent plus encore les plaies du 20e siècle. Le commentaire lu en alternance par Giorgio Bassani et Renato Guttuso relie les exactions françaises en Algérie avec la peinture soviétique ou le débordement d’apparat du couronnement d’Élisabeth II. Petit à petit, la poésie du cinéaste italien, qui ne craint ni la complexité, ni les âpres répétitions, trouve la faille, révèle l’impossible concordance entre la souffrance humaine et les propositions idéologiques, techniques ou culturelles qui tentent d’en faire oublier l’existence, ou pire, d’en expliquer la nécessité. Placé à la toute fin de ce travail de reconstitution par Guiseppe Bertolucci, un extrait d’entretien donne quelques clés de lecture sur le film. La rage doit toujours être entretenue, dit le cinéaste, elle ne peut reposer sur des motifs préfabriqués. La critique, son corollaire, ne doit donc tolérer aucun dogme, aucune formule toute faite.
Martin Bonnard
Chercheur postdoctoral à l’Université McGill
et membre du labdoc
Présenté en dialogue avec We Are Become Death de Jean-Gabriel Périot
Avec le soutien de
Coincé entre un passé idiot et un futur cruel, le présent pasolinien est marqué par la guerre. Le montage d’archives qu’il propose écrase sous les images de la répression les aspirations émancipatrices des travailleurs, le reflet de liberté encore présent « sur le visage des pauvres et des affamés ». Les extraits choisis – le film nait d’une commande qui vise le remontage des actualités filmées du ciné-journal italien Mondo Libero – donnent à voir un monde de violence et de souffrance. Sans surprise, c’est par le texte que s’exposent plus encore les plaies du 20e siècle. Le commentaire lu en alternance par Giorgio Bassani et Renato Guttuso relie les exactions françaises en Algérie avec la peinture soviétique ou le débordement d’apparat du couronnement d’Élisabeth II. Petit à petit, la poésie du cinéaste italien, qui ne craint ni la complexité, ni les âpres répétitions, trouve la faille, révèle l’impossible concordance entre la souffrance humaine et les propositions idéologiques, techniques ou culturelles qui tentent d’en faire oublier l’existence, ou pire, d’en expliquer la nécessité. Placé à la toute fin de ce travail de reconstitution par Guiseppe Bertolucci, un extrait d’entretien donne quelques clés de lecture sur le film. La rage doit toujours être entretenue, dit le cinéaste, elle ne peut reposer sur des motifs préfabriqués. La critique, son corollaire, ne doit donc tolérer aucun dogme, aucune formule toute faite.
Martin Bonnard
Chercheur postdoctoral à l’Université McGill
et membre du labdoc
Présenté en dialogue avec We Are Become Death de Jean-Gabriel Périot
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EN - La Rabbia di Pasolini