Le retour d'une jeune femme en Tunisie devant affronter les conséquences de la maladie de son grand-père et le lourd passé d'un pays sous dictature.
Réalisateur | Meryam Joobeur |
Acteur | Claire Valade |
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Sur fond de printemps arabe en 2011, une jeune femme retourne dans sa famille en Tunisie pour prendre le pouls de son village natal et, surtout, celui des siens qu’elle a laissés derrière elle en émigrant au Canada. Est-ce l’histoire de la réalisatrice, la cinéaste tunisienne-canadienne Meryam Joobeur, ou un récit d’inspiration autobiographique par personne interposée? Peu importe. Dans ce documentaire d’une vingtaine de minutes, la nature personnelle et intime de ce retour vers les origines rempli de beauté et de douleur est immédiate et envoûtante. On parle des horreurs vécues, des souvenirs d’enfance, du présent des grands-parents vieillissants, des regrets. Mais ce sont les images qui parlent le plus fort. Joobeur ouvre et ferme de la même façon son incursion dans la vie de ces gens, par de longs travellings sur des ruelles du village, les murs des habitations, la porte de la maison familiale — vers l’avant pour l’ouverture, puis à reculons pour la clôture, comme si on ressortait de là après y être arrivé en catimini. Tout le film est porté par ces mouvements de caméra lents et fluides, contemplatifs. Joobeur aborde ainsi ce monde doucement, délicatement, pour observer, regarder, constater l’état des lieux et les effets du temps. Sur le grand-père, ravagé par la maladie d’Alzheimer, mais en même temps réinvesti d’une certaine innocence candide (son regard redevenu presque enfantin est bouleversant). Sur la grand-mère et les femmes tunisiennes, qui ont enfin trouvé une certaine forme de liberté, mais non sans le poids des responsabilités et de la mémoire qui l’accompagne. Et sur son pays, après les réverbérations du printemps arabe et la chute de la dictature. Joobeur filme tout cela avec une grande pudeur, un amour évident et une poésie du moment empreinte de mélancolie bienveillante qui nous laissent dans une sorte d’état second.
Claire Valade
Critique et programmatrice
Sur fond de printemps arabe en 2011, une jeune femme retourne dans sa famille en Tunisie pour prendre le pouls de son village natal et, surtout, celui des siens qu’elle a laissés derrière elle en émigrant au Canada. Est-ce l’histoire de la réalisatrice, la cinéaste tunisienne-canadienne Meryam Joobeur, ou un récit d’inspiration autobiographique par personne interposée? Peu importe. Dans ce documentaire d’une vingtaine de minutes, la nature personnelle et intime de ce retour vers les origines rempli de beauté et de douleur est immédiate et envoûtante. On parle des horreurs vécues, des souvenirs d’enfance, du présent des grands-parents vieillissants, des regrets. Mais ce sont les images qui parlent le plus fort. Joobeur ouvre et ferme de la même façon son incursion dans la vie de ces gens, par de longs travellings sur des ruelles du village, les murs des habitations, la porte de la maison familiale — vers l’avant pour l’ouverture, puis à reculons pour la clôture, comme si on ressortait de là après y être arrivé en catimini. Tout le film est porté par ces mouvements de caméra lents et fluides, contemplatifs. Joobeur aborde ainsi ce monde doucement, délicatement, pour observer, regarder, constater l’état des lieux et les effets du temps. Sur le grand-père, ravagé par la maladie d’Alzheimer, mais en même temps réinvesti d’une certaine innocence candide (son regard redevenu presque enfantin est bouleversant). Sur la grand-mère et les femmes tunisiennes, qui ont enfin trouvé une certaine forme de liberté, mais non sans le poids des responsabilités et de la mémoire qui l’accompagne. Et sur son pays, après les réverbérations du printemps arabe et la chute de la dictature. Joobeur filme tout cela avec une grande pudeur, un amour évident et une poésie du moment empreinte de mélancolie bienveillante qui nous laissent dans une sorte d’état second.
Claire Valade
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