Pénétrant par les interstices des volets mi-clos, une lumière d’été dépose ses ombres tachetées dans l’appartement de Noëlla, alors qu’elle se prépare à recevoir l’aide médicale à mourir. Elle est accompagnée de Pierre, son proche aidant, qui veille aux nécessités du quotidien. Denses et diffus, les derniers jours d’une vie révèlent le tissage étroit qui lie ces gestes en apparence infiniment répétés au caractère éphémère de nos passages.
Réalisateur | Félix Lamarche |
Acteur | Jason Burnham |
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Dans nos sociétés obsédées par le « bien-vivre » (bien manger, bien dormir, bien produire…), on ne parle souvent que très peu du « bien-mourir ». La mort est un tabou tenace; une arrière-pensée gênante qu’on essaie rapidement d’oublier, car trop confrontante. On se braque à sa seule mention, préférant l’esquiver jusqu’à la toute fin, quitte à une fois être rendu là, ne pas trop savoir comment l’appréhender. On dirait presque un mécanisme de défense pour s’empêcher d’avoir à accepter l’éphémérité de la vie. Pourtant, les nouvelles pratiques entourant la mort assistée et l’abandon des traditions religieuses nous forcent à repenser et réinventer nos rituels entourant ce moment inévitable de l’existence.
En ce sens, Le chant de la nuit de Félix Lamarche est une oeuvre immensément importante car elle nous oblige à porter frontalement un regard sur le processus du mourir, sans possibilité d’occulter la question. Impossible ici de se complaire dans le confort de la distance. Le cinéaste nous offre l’ultime privilège d’être témoin de l’intimité des derniers moments de la vie de Noëlla : les préparatifs, les derniers repas, les regards, les échanges laconiques et les parties de Solitaire. Car même quand la mort approche, il faut bien passer le temps. Dans les clairs-obscurs de son petit appartement modeste, la caméra capte – dans la durée – tout ce qui compose le temps suspendu de ce moment limitrophe entre la présence et l’absence. Le film nous laisse ainsi tout l’espace et le temps nécessaire pour se projeter et se remémorer; pour anticiper aussi. Les images qui nous sont livrées s’entremêlent inévitablement avec celles de nos propres souvenirs, de nos propres expériences. La mort n’est pas spectacularisée, ni édulcorée. Elle nous est simplement donnée à voir, sans artifice, avec tout ce qui l’entoure : la peine et les rires des adieux, les maladresses et les hésitations des gestes posés, les flottements des silences empathiques. Et soudain, l’émotion surgit, décuplée par l’extraordinaire banalité de cette chose qui nous concerne tous. La disparition est bien réelle et le deuil peut s’amorcer.
Jason Burnham
Responsable éditorial de Tënk
Dans nos sociétés obsédées par le « bien-vivre » (bien manger, bien dormir, bien produire…), on ne parle souvent que très peu du « bien-mourir ». La mort est un tabou tenace; une arrière-pensée gênante qu’on essaie rapidement d’oublier, car trop confrontante. On se braque à sa seule mention, préférant l’esquiver jusqu’à la toute fin, quitte à une fois être rendu là, ne pas trop savoir comment l’appréhender. On dirait presque un mécanisme de défense pour s’empêcher d’avoir à accepter l’éphémérité de la vie. Pourtant, les nouvelles pratiques entourant la mort assistée et l’abandon des traditions religieuses nous forcent à repenser et réinventer nos rituels entourant ce moment inévitable de l’existence.
En ce sens, Le chant de la nuit de Félix Lamarche est une oeuvre immensément importante car elle nous oblige à porter frontalement un regard sur le processus du mourir, sans possibilité d’occulter la question. Impossible ici de se complaire dans le confort de la distance. Le cinéaste nous offre l’ultime privilège d’être témoin de l’intimité des derniers moments de la vie de Noëlla : les préparatifs, les derniers repas, les regards, les échanges laconiques et les parties de Solitaire. Car même quand la mort approche, il faut bien passer le temps. Dans les clairs-obscurs de son petit appartement modeste, la caméra capte – dans la durée – tout ce qui compose le temps suspendu de ce moment limitrophe entre la présence et l’absence. Le film nous laisse ainsi tout l’espace et le temps nécessaire pour se projeter et se remémorer; pour anticiper aussi. Les images qui nous sont livrées s’entremêlent inévitablement avec celles de nos propres souvenirs, de nos propres expériences. La mort n’est pas spectacularisée, ni édulcorée. Elle nous est simplement donnée à voir, sans artifice, avec tout ce qui l’entoure : la peine et les rires des adieux, les maladresses et les hésitations des gestes posés, les flottements des silences empathiques. Et soudain, l’émotion surgit, décuplée par l’extraordinaire banalité de cette chose qui nous concerne tous. La disparition est bien réelle et le deuil peut s’amorcer.
Jason Burnham
Responsable éditorial de Tënk
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