Tourné en yiddish, *M* voyage au cœur de Bnei Brak, la capitale mondiale des haredim, les ultra-orthodoxes juifs, les « Craignant-Dieu » en hébreu. Cette ville, Menahem Lang y a grandi. Il y était connu pour sa gentillesse, son assiduité à l’école talmudique et surtout sa voix d’or qui a fait de lui un chantre réputé de chants liturgiques. Mais à vingt ans, il rompt avec cette vie pieuse et s’installe à Tel-Aviv car l’enfant au sourire clair cachait un secret : il avait été violé pendant des années par des membres de cette communauté qui l’adulait. Menahem réussit l’exploit d’ouvrir la porte de ce monde interdit. Si c’est un retour sur les lieux du crime, c’est aussi un retour sur les lieux qu’il a aimés, un chemin initiatique parsemé de rencontres inouïes, de rituels retrouvés, une réconciliation.
Réalisateur | Yolande Zauberman |
Partager sur |
Une chose étonne dans ce film: l’aisance et l’ouverture avec lesquelles s’expriment les personnes sur leurs expériences de viol. Menahem certainement, mais plusieurs autres hommes tout autant, rencontrés pendant le tournage, quelques fois par hasard. Des hommes qui ont demandé d’être filmés, qui ont tendu la main à la réalisatrice et lui ont dit « Viens, tu me filmeras! ». Un peu comme Menahem qui a insisté pendant des mois auprès de Zauberman en lui disant « Tu le tourneras ce film? Tu le tourneras? ».
Plus frappant encore, certains hommes s’expriment très franchement sur les agressions qu’ils ont commises auprès d’enfants, après en avoir subi eux-mêmes. Mettant en lumière la noirceur de l’origine du mal, le film explore cette impression que dira l’un d'entre eux; celle qu’en commettant à son tour une agression, lui qui en a subi, il se sent en position de pouvoir et quelque part, enfin, invincible, intouchable. Ce cercle vicieux, ce « gal-gal » dont ils veulent se libérer, passe par la parole, par le bris du silence.
À la fois, on entre dans une communauté difficile à infiltrer – il fallait bien que la réalisatrice parle Yiddish pour y arriver, la langue de tous les jours dans la communauté de Bnei Brak pour qui l’hébreu est une langue sacrée qui ne doit pas être parlée au quotidien – et à la fois on accède à une étonnante, une saine franchise, celle de se nommer victime sans se victimiser; de se montrer coupable sans se condamner.
Gabrielle Ouimet
Directrice artistique de Tënk
En complément
Une chose étonne dans ce film: l’aisance et l’ouverture avec lesquelles s’expriment les personnes sur leurs expériences de viol. Menahem certainement, mais plusieurs autres hommes tout autant, rencontrés pendant le tournage, quelques fois par hasard. Des hommes qui ont demandé d’être filmés, qui ont tendu la main à la réalisatrice et lui ont dit « Viens, tu me filmeras! ». Un peu comme Menahem qui a insisté pendant des mois auprès de Zauberman en lui disant « Tu le tourneras ce film? Tu le tourneras? ».
Plus frappant encore, certains hommes s’expriment très franchement sur les agressions qu’ils ont commises auprès d’enfants, après en avoir subi eux-mêmes. Mettant en lumière la noirceur de l’origine du mal, le film explore cette impression que dira l’un d'entre eux; celle qu’en commettant à son tour une agression, lui qui en a subi, il se sent en position de pouvoir et quelque part, enfin, invincible, intouchable. Ce cercle vicieux, ce « gal-gal » dont ils veulent se libérer, passe par la parole, par le bris du silence.
À la fois, on entre dans une communauté difficile à infiltrer – il fallait bien que la réalisatrice parle Yiddish pour y arriver, la langue de tous les jours dans la communauté de Bnei Brak pour qui l’hébreu est une langue sacrée qui ne doit pas être parlée au quotidien – et à la fois on accède à une étonnante, une saine franchise, celle de se nommer victime sans se victimiser; de se montrer coupable sans se condamner.
Gabrielle Ouimet
Directrice artistique de Tënk
En complément
FR - M
EN - M