« Autrefois tributaire de la Seine, aujourd’hui oubliée dans les égouts de Paris, la Bièvre fascine l'Anglaise que je suis. Je pars chercher sa source à pied et ses méandres m'amènent aux personnes habitant ses rives, elles-mêmes portées par un flux de nature différente, avec des origines bien plus lointaines. » - Taryn Everdeen
Réalisateur | Taryn Everdeen |
Acteur | Maude Trottier |
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Un flux, c'est le récit de plusieurs récits tous imbriqués dans le giron d'une rivière dont Taryn Everdeen, cinéaste d'origine anglaise atterrie à Arcueil en France, décide de suivre le courant, à la façon d'un exercice de pensée et d'ouverture à ce qui lui est étranger. L'idée, à la fois simple, poétique et tranquillement aventureuse, naît d'une prémisse-sensation que l'on pourrait dire circulaire, puisque comme la Bièvre, la rivière en question, cette prémisse abreuve toutes les questions qui émanent de la délicate enquête poursuivie : parallèlement à la recherche sur l'origine de la rivière, que voudrait dire se sentir chez soi dans un pays qui n'est pas le sien? Loin de toute fixité, le cours d'eau sert d'approche narrative, mais davantage se fait mouvement lentement métaphorique. En une trajectoire caractérisée par des apparitions et des disparitions, entre points de passages souterrains et qualité retrouvée d'écoulement, la rivière accueillera en son sein plusieurs vies croisées, témoignant tout à la fois de relations entretenues au territoire et de parcours migratoires.
À Arcueil, ce sont d'abord Thierry, collectionneur de cartes de postales, et Christian, professeur d'université, qui croisent le chemin de la cinéaste chercheuse de rivière. Suivant le flux, la cinéaste se rend ensuite à Antony, une autre ville où la Bièvre s'écoule et où, cette fois, elle tombe sur un homme assis sur un banc qui lui explique que la Bièvre est surtout souterraine. Mais caméra éteinte, cet homme s'ouvre un peu plus, il s'appelle Idir et est d'origine Kabyle, il a perdu sa femme dont les yeux étaient d'un vert bleu, confidence rapportée pudiquement par la voix off de la cinéaste. La Bièvre mène autrement vers la petite communauté du café Le Balto, où des habitué·e·s d'origine algérienne, chilienne et moldave, partagent avec joie des morceaux de leur parcours de vie. Il y aura Soraya, femme de Fadir, tenancier du café, qui racontera à son tour ce que la Bièvre lui évoque. À Bièvres, ville qui porte le nom de la rivière, il y aura encore Pascaline et Eric, et puis Hichem, un livreur à moto qui ne sait pas où s'en est allée la rivière, mais qui demande amicalement « qui êtes-vous, que faites-vous ici? »
Ainsi la Bièvre a ouvert son flux vers des vies trouvées, vies que la cinéaste affleure avec sa caméra on ou off, en créant une discrète poétique de la relation et du hasard, laquelle réfléchit dans un même temps la solitude diariste, la portée humaine des croisements et la fluidité de l'identité.
Maude Trottier
Rédactrice en chef, revue Hors champ
Un flux, c'est le récit de plusieurs récits tous imbriqués dans le giron d'une rivière dont Taryn Everdeen, cinéaste d'origine anglaise atterrie à Arcueil en France, décide de suivre le courant, à la façon d'un exercice de pensée et d'ouverture à ce qui lui est étranger. L'idée, à la fois simple, poétique et tranquillement aventureuse, naît d'une prémisse-sensation que l'on pourrait dire circulaire, puisque comme la Bièvre, la rivière en question, cette prémisse abreuve toutes les questions qui émanent de la délicate enquête poursuivie : parallèlement à la recherche sur l'origine de la rivière, que voudrait dire se sentir chez soi dans un pays qui n'est pas le sien? Loin de toute fixité, le cours d'eau sert d'approche narrative, mais davantage se fait mouvement lentement métaphorique. En une trajectoire caractérisée par des apparitions et des disparitions, entre points de passages souterrains et qualité retrouvée d'écoulement, la rivière accueillera en son sein plusieurs vies croisées, témoignant tout à la fois de relations entretenues au territoire et de parcours migratoires.
À Arcueil, ce sont d'abord Thierry, collectionneur de cartes de postales, et Christian, professeur d'université, qui croisent le chemin de la cinéaste chercheuse de rivière. Suivant le flux, la cinéaste se rend ensuite à Antony, une autre ville où la Bièvre s'écoule et où, cette fois, elle tombe sur un homme assis sur un banc qui lui explique que la Bièvre est surtout souterraine. Mais caméra éteinte, cet homme s'ouvre un peu plus, il s'appelle Idir et est d'origine Kabyle, il a perdu sa femme dont les yeux étaient d'un vert bleu, confidence rapportée pudiquement par la voix off de la cinéaste. La Bièvre mène autrement vers la petite communauté du café Le Balto, où des habitué·e·s d'origine algérienne, chilienne et moldave, partagent avec joie des morceaux de leur parcours de vie. Il y aura Soraya, femme de Fadir, tenancier du café, qui racontera à son tour ce que la Bièvre lui évoque. À Bièvres, ville qui porte le nom de la rivière, il y aura encore Pascaline et Eric, et puis Hichem, un livreur à moto qui ne sait pas où s'en est allée la rivière, mais qui demande amicalement « qui êtes-vous, que faites-vous ici? »
Ainsi la Bièvre a ouvert son flux vers des vies trouvées, vies que la cinéaste affleure avec sa caméra on ou off, en créant une discrète poétique de la relation et du hasard, laquelle réfléchit dans un même temps la solitude diariste, la portée humaine des croisements et la fluidité de l'identité.
Maude Trottier
Rédactrice en chef, revue Hors champ
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