En Chine, à chaque année le même rituel dramatique se produit. Dans les villes-usines du Sud, des millions de travailleurs migratoires se battent pour une place dans des trains bondés de monde. Ils essaient tous de rentrer dans leurs villages pour le Nouvel An chinois. Madame et Monsieur Zhang vivent ainsi depuis une vingtaine d’années. Ils connaissent à peine leurs enfants qui ont été élevés par les grands-parents restés au village. Cette année, la fragile cellule familiale s’est effondrée et les Zhang voyagent avec un autre but en tête : ramener à la maison leur adolescente fugueuse afin qu’elle retourne à l’école et qu’elle n’ait pas à passer le reste de sa vie dans une usine.
Réalisateur | Lixin Fan |
Acteur | Naomie Décarie-Daigneault |
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La Chine et ses 1,5 milliard d’habitants, ses 134 millions de nongmingong (travailleurs migrants d’origine rurale), ses 9,5 millions de kilomètres carrés, a des dimensions si colossales que tout repère humain semble se dissiper dans une abstraction gigantesque. Le film de Lixin Fan, réalisateur chinois ayant vécu à Montréal pendant quelques années et ayant évolué entre autres avec la boîte de production EyeSteelFilm, parvient justement à recadrer à échelle humaine les conséquences de l’ultra rapide industrialisation du pays. Au centre du film, via un tournage se déroulant sur de nombreuses années, le drame d’une famille, les Zhang, qui se déploie dans toute son unicité et son humanité irréductible. Ce couple de paysans forcés à l’exil pour le travail a dû laisser ses enfants à la campagne avec les grands-parents. La cellule familiale, décimée, survit avec grande peine à la distance et à la dureté du destin de ces nouveaux ouvriers. L’écart entre la campagne verdoyante, les rituels traditionnels, et l’inhumanité anonyme du travail à l’usine se mesure également à la difficulté inouïe que représente le passage d’un lieu à l’autre. Si les images de milliers de badauds se pressant les uns contre les autres, se bousculant dans une cohue effrayante, tentant de se frayer un chemin jusqu’aux rares et vétustes trains, frappent l’imaginaire, le film de Lixin Fan ne s’attarde pas à cet aspect tristement spectaculaire. Ce qu’il veut nous montrer, ce sont les expressions de Qin, l’adolescente qui ne connaît pas ses parents, sa moue boudeuse, le regard fuyant de son père et les larmes furtivement essuyées de sa mère. Ce que Fan nous raconte, c’est que derrière ces masses compactes et effrayantes de gens se camouflent des milliards de récits et d’individualités que la déshumanisation de l’industrialisation ne parviendra jamais à enrayer.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk
La Chine et ses 1,5 milliard d’habitants, ses 134 millions de nongmingong (travailleurs migrants d’origine rurale), ses 9,5 millions de kilomètres carrés, a des dimensions si colossales que tout repère humain semble se dissiper dans une abstraction gigantesque. Le film de Lixin Fan, réalisateur chinois ayant vécu à Montréal pendant quelques années et ayant évolué entre autres avec la boîte de production EyeSteelFilm, parvient justement à recadrer à échelle humaine les conséquences de l’ultra rapide industrialisation du pays. Au centre du film, via un tournage se déroulant sur de nombreuses années, le drame d’une famille, les Zhang, qui se déploie dans toute son unicité et son humanité irréductible. Ce couple de paysans forcés à l’exil pour le travail a dû laisser ses enfants à la campagne avec les grands-parents. La cellule familiale, décimée, survit avec grande peine à la distance et à la dureté du destin de ces nouveaux ouvriers. L’écart entre la campagne verdoyante, les rituels traditionnels, et l’inhumanité anonyme du travail à l’usine se mesure également à la difficulté inouïe que représente le passage d’un lieu à l’autre. Si les images de milliers de badauds se pressant les uns contre les autres, se bousculant dans une cohue effrayante, tentant de se frayer un chemin jusqu’aux rares et vétustes trains, frappent l’imaginaire, le film de Lixin Fan ne s’attarde pas à cet aspect tristement spectaculaire. Ce qu’il veut nous montrer, ce sont les expressions de Qin, l’adolescente qui ne connaît pas ses parents, sa moue boudeuse, le regard fuyant de son père et les larmes furtivement essuyées de sa mère. Ce que Fan nous raconte, c’est que derrière ces masses compactes et effrayantes de gens se camouflent des milliards de récits et d’individualités que la déshumanisation de l’industrialisation ne parviendra jamais à enrayer.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk
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