« Chacun peut accomplir un acte héroïque dans sa vie », martèle l’instructeur. Un tel destin se prépare dans l’école présidentielle des cadets qui forme des adolescents volontaires à servir dans la Garde nationale créée par Poutine en 2016. Alex Evstigneev photographie ces futurs héros, dont il révèle au son et à l’image, l’extrême fragilité au seuil d’un embrigadement de fer.
Réalisateur | Alex Evstigneev |
Acteur | Claire Valade |
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Réalisé sur le mode « fly-on-the-wall », The Golden Buttons observe avec une retenue remarquable les cadets de l’école militaire russe qui formeront la future Garde nationale de Vladimir Poutine. Le réalisateur filme ses sujets comme un portraitiste — caméra fixe, à hauteur de regard, visages dégagés, expressions neutres —, mais comme il est surtout cinéaste, le cadre est panoramique, la composition est symétrique ou joue avec la profondeur de champ. Ceci reflète la précision et le détachement qu’on attend de ces garçons en train d’être moulés à un idéal pour lequel ils sont mal préparés, tout en exposant leur vulnérabilité. Les images de certains garçons en pleurs et inquiets contrastent avec les faux portraits, qui expriment une stricte discipline. La bande sonore, souvent différente de ce qui se passe à l’écran, fait entendre les leçons reçues par les garçons. Celles-ci, entremêlant encouragements, remontrances, mantras, menaces, cajolements, répétitions, règles, félicitations, slogans, proposent une véritable leçon d’endoctrinement en condensé. Les mots viennent s’entrechoquer contre les visages encore frais de ces jeunes, avec leurs joues roses et leurs yeux vivants, offrant un état des lieux bouleversant et déstabilisant qui, sans jamais prononcer ouvertement de critique envers le président, parvient à dire clairement tout le danger de ce régime qui carbure à la propagande et à la répression.
Claire Valade
Critique et programmatrice
Réalisé sur le mode « fly-on-the-wall », The Golden Buttons observe avec une retenue remarquable les cadets de l’école militaire russe qui formeront la future Garde nationale de Vladimir Poutine. Le réalisateur filme ses sujets comme un portraitiste — caméra fixe, à hauteur de regard, visages dégagés, expressions neutres —, mais comme il est surtout cinéaste, le cadre est panoramique, la composition est symétrique ou joue avec la profondeur de champ. Ceci reflète la précision et le détachement qu’on attend de ces garçons en train d’être moulés à un idéal pour lequel ils sont mal préparés, tout en exposant leur vulnérabilité. Les images de certains garçons en pleurs et inquiets contrastent avec les faux portraits, qui expriment une stricte discipline. La bande sonore, souvent différente de ce qui se passe à l’écran, fait entendre les leçons reçues par les garçons. Celles-ci, entremêlant encouragements, remontrances, mantras, menaces, cajolements, répétitions, règles, félicitations, slogans, proposent une véritable leçon d’endoctrinement en condensé. Les mots viennent s’entrechoquer contre les visages encore frais de ces jeunes, avec leurs joues roses et leurs yeux vivants, offrant un état des lieux bouleversant et déstabilisant qui, sans jamais prononcer ouvertement de critique envers le président, parvient à dire clairement tout le danger de ce régime qui carbure à la propagande et à la répression.
Claire Valade
Critique et programmatrice
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