Le bonheur familial repose bien souvent sur un drame insoupçonné : la perte d'identité de la femme qui ne vit plus qu'en fonction de son mari et de ses enfants. Devant le « malaise sans nom » qui l'envahit, Francine (Micheline Lanctôt), jeune femme en apparence comblée, sera amenée à quitter momentanément les siens pour tenter de trouver qui elle est. Ce film, qui se compose d'une partie dramatisée à laquelle des séquences documentaires apportent la densité du vécu, met en lumière l'existence quotidienne telle que perçue par la femme québécoise.
Réalisateur | Aimée Danis |
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En 1963 paraît aux États-Unis un ouvrage clé du féminisme de la deuxième vague, La femme mystifiée, de la journaliste Betty Friedan. Construit comme une enquête sociologique, le livre de Friedan s’intéressait à une forme de mal-être qui rongeait les femmes blanches éduquées, issues de la classe moyenne, qui dépérissaient alors dans leurs mariages bourgeois et confortables. Elle y analyse les symptômes, mais principalement les causes de ce mal sans nom; l’instauration d’une mystique féminine visant à ramener les femmes au foyer après leur « émancipation » conjoncturelle à la Deuxième Guerre mondiale, qui les avait notamment conduites à adopter des rôles dans l’espace public et professionnel. Ce livre a mis le feu aux poudres en dévoilant aux femmes ce qu’elles savaient sans oser se l’avouer, mais surtout, en liant leurs détresses individuelles à une conjoncture sociale et historique. Enfin, le mur de la domesticité était percé, et les femmes ne s’y laisseraient plus facilement enfermer.
Le film de la méconnue Aimée Danis (elle aura plus tard une grande carrière de productrice), réalisé dans le cadre du programme En tant que femme de l’ONF, participe de cette même prise de conscience. Utilisant la fiction, mais y intégrant des séquences documentaires venant brouiller le caractère fictionnel du récit, Danis cherche à dévoiler la condition de « la femme québécoise ». Sans faire preuve d’une grande inclusivité, elle cherche néanmoins à sortir de l’anecdote biographique, notamment en intégrant des séquences d’émission de radio où des femmes se confient anonymement sur leur détresse. À une époque où la charge mentale et domestique reposait quasi exclusivement sur les mères, et où le filet social - principalement celui salutaire et toujours menacé des garderies – était rempli de trous, la maternité pouvait rapidement être vécue comme une aliénation. Ce genre de témoignage rappelle à quel point la maternité choisie est un luxe, et que ce n’est pas demain la veille que les luttes pour la défendre seront rendues caduques.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk
En 1963 paraît aux États-Unis un ouvrage clé du féminisme de la deuxième vague, La femme mystifiée, de la journaliste Betty Friedan. Construit comme une enquête sociologique, le livre de Friedan s’intéressait à une forme de mal-être qui rongeait les femmes blanches éduquées, issues de la classe moyenne, qui dépérissaient alors dans leurs mariages bourgeois et confortables. Elle y analyse les symptômes, mais principalement les causes de ce mal sans nom; l’instauration d’une mystique féminine visant à ramener les femmes au foyer après leur « émancipation » conjoncturelle à la Deuxième Guerre mondiale, qui les avait notamment conduites à adopter des rôles dans l’espace public et professionnel. Ce livre a mis le feu aux poudres en dévoilant aux femmes ce qu’elles savaient sans oser se l’avouer, mais surtout, en liant leurs détresses individuelles à une conjoncture sociale et historique. Enfin, le mur de la domesticité était percé, et les femmes ne s’y laisseraient plus facilement enfermer.
Le film de la méconnue Aimée Danis (elle aura plus tard une grande carrière de productrice), réalisé dans le cadre du programme En tant que femme de l’ONF, participe de cette même prise de conscience. Utilisant la fiction, mais y intégrant des séquences documentaires venant brouiller le caractère fictionnel du récit, Danis cherche à dévoiler la condition de « la femme québécoise ». Sans faire preuve d’une grande inclusivité, elle cherche néanmoins à sortir de l’anecdote biographique, notamment en intégrant des séquences d’émission de radio où des femmes se confient anonymement sur leur détresse. À une époque où la charge mentale et domestique reposait quasi exclusivement sur les mères, et où le filet social - principalement celui salutaire et toujours menacé des garderies – était rempli de trous, la maternité pouvait rapidement être vécue comme une aliénation. Ce genre de témoignage rappelle à quel point la maternité choisie est un luxe, et que ce n’est pas demain la veille que les luttes pour la défendre seront rendues caduques.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk
Français