Après y avoir séjourné plusieurs fois, le photographe québécois Serge Clément fusionne dans ce court métrage les métropoles chinoises Hong Kong et Shanghai. Ce parfum photographique et cinématographique nous révèle une ville fictive traversée dans l'espace et dans le temps, Hong Kong préfigurant le destin de Shanghai, et nous fait entrevoir les mégapoles du 21e siècle. Mais Serge Clément nous entraîne bien au-delà et en deçà de l'histoire, dans des clairs-obscurs pluridimensionnels qui nous parlent de lui et de nous, de ce que nous sommes et de ce que nous serons. Film sans paroles.
Réalisateur | Serge Clément |
Acteur | Richard Brouillette |
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Rêve comme seule la mémoire peut en rêver, le premier film du grand photographe québécois Serge Clément tisse le portrait fragmenté d’une ville imaginaire en jouant sur plusieurs aspects de la surimpression (au propre comme au figuré), qui s’assemblent pour créer une admirable adéquation entre fond et forme.
Les photos de Clément sont comme une vitrine de l’âme constellée d’éclats de tain qui offre un délicat équilibre entre réflexion et transparence, intérieur et extérieur, pudeur et indiscrétion, proximité et distance, être et paraître. Alors que le monde personnel se dissout dans l’impersonnalité du monde, ici de la ville comme espace physique et symbolique, la lumière transperce, est offusquée, se réfracte ou se réfléchit sur cette frontière psychique semée de lacs d’ombre. L’œuvre, qui est une extension cinématographique d’une exposition et d’un livre du même nom, ajoute à ce jeu de la dissolution en surimposant les photographies les unes aux autres, parfois au sein d’une séquence de pixilation.
Dans ce film tissé de traces et d’empreintes sensorielles, où Clément et son excellent monteur Fernand Bélanger se plaisent à brouiller les pistes de la mémoire, l’œil s’accroche aux reliefs et aux textures (grain, motifs, traînées et flous), tandis que l’esprit se prend à divaguer au gré d’un riche montage sonore rehaussé par la musique envoûtante de Jean Derome. La référence synesthésique au Parfum exotique de Baudelaire (« Guidé par ton odeur vers de charmants climats, / Je vois un port rempli de voiles et de mâts »), n’y est sûrement pas étrangère…
Richard Brouillette
Cinéaste, producteur, éleveur de poules et comptable
Rêve comme seule la mémoire peut en rêver, le premier film du grand photographe québécois Serge Clément tisse le portrait fragmenté d’une ville imaginaire en jouant sur plusieurs aspects de la surimpression (au propre comme au figuré), qui s’assemblent pour créer une admirable adéquation entre fond et forme.
Les photos de Clément sont comme une vitrine de l’âme constellée d’éclats de tain qui offre un délicat équilibre entre réflexion et transparence, intérieur et extérieur, pudeur et indiscrétion, proximité et distance, être et paraître. Alors que le monde personnel se dissout dans l’impersonnalité du monde, ici de la ville comme espace physique et symbolique, la lumière transperce, est offusquée, se réfracte ou se réfléchit sur cette frontière psychique semée de lacs d’ombre. L’œuvre, qui est une extension cinématographique d’une exposition et d’un livre du même nom, ajoute à ce jeu de la dissolution en surimposant les photographies les unes aux autres, parfois au sein d’une séquence de pixilation.
Dans ce film tissé de traces et d’empreintes sensorielles, où Clément et son excellent monteur Fernand Bélanger se plaisent à brouiller les pistes de la mémoire, l’œil s’accroche aux reliefs et aux textures (grain, motifs, traînées et flous), tandis que l’esprit se prend à divaguer au gré d’un riche montage sonore rehaussé par la musique envoûtante de Jean Derome. La référence synesthésique au Parfum exotique de Baudelaire (« Guidé par ton odeur vers de charmants climats, / Je vois un port rempli de voiles et de mâts »), n’y est sûrement pas étrangère…
Richard Brouillette
Cinéaste, producteur, éleveur de poules et comptable
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