Tournée en mars 2000, dans le contexte du film _L’encerclement – La démocratie dans les rets du néolibéralisme_, cette fascinante entrevue avec Bernard Maris, alias Oncle Bernard, constitue une véritable « anti-leçon d’économie ». Sans fard ni artifice, le réalisateur laisse toute la place à la parole riche, dissidente, acérée et mutine de Maris. En toute liberté, celui-ci assène à loisir des vérités percutantes qui renversent les dogmes sempiternellement ressassés par le chœur vibrant de la valetaille de la « science » économique. Formidable vulgarisateur dont la verve, l’éloquence, l’érudition et l’alacrité parviennent à rendre passionnants les sujets les plus arides, Oncle Bernard déploie au fil de cet entretien une pensée courageuse en son originalité, qui se révèle d’autant plus précieuse en ces temps de démission intellectuelle et d’austérité économique.
Réalisateur | Richard Brouillette |
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Le 8 mars 2000, Richard Brouillette s’installe dans les bureaux de Charlie Hebdo avec son équipe : Michel Lamothe à l’image (filmant en pellicule, dans un magnifique noir et blanc) et Simon Goulet au son. Le plan est sobre et beau, toute la place est laissée à la parole. Brouillette lance ses questions, et une formule creuse à la fois, l’économiste Bernard Maris déconstruit les mécanismes du capitalisme mondial. L’entrevue dure un peu plus d’une heure et a été remontée comme telle, intégrant les fins de bobines, les appels au silence lancés aux voisins de bureau, et autres scories offrant un aperçu de la vie en cet après-midi ordinaire qui prendra un tout autre sens après les attentats de 2015.
Brouillette nous offre un voyage prophétique dans les coulisses d’un système, dont la survie, nous rappelle Bernard Maris, dépend de son opacité. Prophétique car la crise des subprimes apparaît à l’horizon. Prophétique car Maris dénonce la religiosité d’une idéologie déguisée en science et en vérité. Prophétique car une discussion de corridor avec Cabu devient le symbole de ce qui aura été décimé en quelques minutes sanglantes de 2015. Filmée en 2000, la pensée de Maris n’a pas perdu un iota de sa pertinence. Comme résistance à tous les régimes opaques et aveuglants, prenons le temps de l’écouter.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk
Le 8 mars 2000, Richard Brouillette s’installe dans les bureaux de Charlie Hebdo avec son équipe : Michel Lamothe à l’image (filmant en pellicule, dans un magnifique noir et blanc) et Simon Goulet au son. Le plan est sobre et beau, toute la place est laissée à la parole. Brouillette lance ses questions, et une formule creuse à la fois, l’économiste Bernard Maris déconstruit les mécanismes du capitalisme mondial. L’entrevue dure un peu plus d’une heure et a été remontée comme telle, intégrant les fins de bobines, les appels au silence lancés aux voisins de bureau, et autres scories offrant un aperçu de la vie en cet après-midi ordinaire qui prendra un tout autre sens après les attentats de 2015.
Brouillette nous offre un voyage prophétique dans les coulisses d’un système, dont la survie, nous rappelle Bernard Maris, dépend de son opacité. Prophétique car la crise des subprimes apparaît à l’horizon. Prophétique car Maris dénonce la religiosité d’une idéologie déguisée en science et en vérité. Prophétique car une discussion de corridor avec Cabu devient le symbole de ce qui aura été décimé en quelques minutes sanglantes de 2015. Filmée en 2000, la pensée de Maris n’a pas perdu un iota de sa pertinence. Comme résistance à tous les régimes opaques et aveuglants, prenons le temps de l’écouter.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk
FR- Oncle Bernard: L'anti-leçon d'économie
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