Laïka, une chienne errante, fut le premier être vivant envoyé dans l’espace, et donc condamnée à une mort certaine. Une légende raconte que son fantôme est revenu sur terre et erre encore dans les rues de Moscou aux côtés de ses descendants en liberté.
Réalisateurs | Levin Peter , Elsa Kremser |
Partager sur |
Qu’est-ce que le voyage de Laïka dans l’espace en 1957 raconte sur nous, comme espèce? Que nous apprennent les tribulations de chiens errants dans les rues de Moscou? Qu’est-ce que ce bien curieux film essaie de nous dire?
En entrevue, les deux cinéastes de cette œuvre absolument inusitée et déstabilisante racontent que leur idée initiale était de suivre une meute de chiens errants pour tenter de créer une expérience cinématographique déjouant l’anthropocentrisme. Après plusieurs expérimentations techniques, le duo a bricolé un dispositif impliquant une caméra légère se manoeuvrant avec une seule poignée, permettant au directeur photo de tourner à hauteur de chien. Cette plongée en mode cinéma direct dans l’univers canin est une expérience déséquilibrante sur tous les niveaux : elle impose une narration inhabituelle basée sur le rythme des animaux, elle désarçonne et met au défi nos a priori moraux et elle révèle des angles morts créés par notre perspective anthropomorphique. On y découvre un monde déroutant, inquiétant, où nos schémas d’analyse habituels se révèlent bien peu utiles pour y naviguer.
L’ajout d’une couche métaphorique reposant sur la légende du fantôme de Laïka revenu hanter les vivants et l’introduction de matériel d’archives stupéfiant dégoté par les cinéaste à l’Institut des problèmes biomédicaux de Moscou et difficilement obtenus, complexifie encore davantage cette oeuvre éprouvante. L’humanité y apparaît mise à mal dans sa volonté de toute-puissance et son anthropocentrisme aveuglant. Le voyage de Laïka qui semblait être alors le faîte du progrès, apparaît sous cet angle comme un exercice à la fois cruel et puéril.
Narré par une voix grave et rassurante, le tout prend des allures de conte pour enfants sous influence; le récit de savants fous sadiques qui voudraient répondre aux désirs ogresques d’un illuminé mégalomane. Le plus inquiétant dans tout ça, c’est que l’illuminé est introuvable; il loge dans chacun.e de nous, transformant l’espèce humaine en monstre en train de tout détruire, aveuglé par son sentiment de supériorité et sa volonté de puissance.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk
Qu’est-ce que le voyage de Laïka dans l’espace en 1957 raconte sur nous, comme espèce? Que nous apprennent les tribulations de chiens errants dans les rues de Moscou? Qu’est-ce que ce bien curieux film essaie de nous dire?
En entrevue, les deux cinéastes de cette œuvre absolument inusitée et déstabilisante racontent que leur idée initiale était de suivre une meute de chiens errants pour tenter de créer une expérience cinématographique déjouant l’anthropocentrisme. Après plusieurs expérimentations techniques, le duo a bricolé un dispositif impliquant une caméra légère se manoeuvrant avec une seule poignée, permettant au directeur photo de tourner à hauteur de chien. Cette plongée en mode cinéma direct dans l’univers canin est une expérience déséquilibrante sur tous les niveaux : elle impose une narration inhabituelle basée sur le rythme des animaux, elle désarçonne et met au défi nos a priori moraux et elle révèle des angles morts créés par notre perspective anthropomorphique. On y découvre un monde déroutant, inquiétant, où nos schémas d’analyse habituels se révèlent bien peu utiles pour y naviguer.
L’ajout d’une couche métaphorique reposant sur la légende du fantôme de Laïka revenu hanter les vivants et l’introduction de matériel d’archives stupéfiant dégoté par les cinéaste à l’Institut des problèmes biomédicaux de Moscou et difficilement obtenus, complexifie encore davantage cette oeuvre éprouvante. L’humanité y apparaît mise à mal dans sa volonté de toute-puissance et son anthropocentrisme aveuglant. Le voyage de Laïka qui semblait être alors le faîte du progrès, apparaît sous cet angle comme un exercice à la fois cruel et puéril.
Narré par une voix grave et rassurante, le tout prend des allures de conte pour enfants sous influence; le récit de savants fous sadiques qui voudraient répondre aux désirs ogresques d’un illuminé mégalomane. Le plus inquiétant dans tout ça, c’est que l’illuminé est introuvable; il loge dans chacun.e de nous, transformant l’espèce humaine en monstre en train de tout détruire, aveuglé par son sentiment de supériorité et sa volonté de puissance.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk
Français