Peu après la guerre des Six Jours en 1967, les parents juifs de Danae, le célèbre auteur Amos Elon et l'ancienne agente littéraire Beth Elon, engagent Musa Obeidallah, Palestinien père de onze enfants, pour s'occuper quotidiennement de leur fille unique âgée de six mois. Il y restera 20 ans, jusqu'au départ de Danae pour ses études les États-Unis. Après s'être perdus de vue, notamment à cause des tensions politiques croissantes en Israël, Danae décide de revisiter son passé et de retrouver cet homme au rôle déterminant dans sa vie. En explorant les frontières délicates entre famille, classe sociale et politique, Danae Elon met en lumière non seulement l'héritage politique trouble partagé par ces deux familles, mais aussi l'espoir d'un avenir dans sa quête d'un « autre chemin vers la maison ».
Réalisateur | Danae Elon |
Acteur | Naomie Décarie-Daigneault |
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On retrouve dans Another Road Home ce qui caractérise toute l’œuvre documentaire de Danae Elon; une soif de réponses devant des enjeux aussi chargés qu’irrésolubles, et une ténacité impressionnante devant les écueils et les rebuffades qu’appellent une telle démarche. Pour s’autoriser cette quête qu’on pourrait croire perdue d’avance, Elon choisit le pari de l’engagement en se mettant elle-même en danger.
Dans cette œuvre bouleversante, qui résonne particulièrement au regard de l’actualité et du nouvel embrasement du conflit israélo-palestinien, la cinéaste convie sa propre famille à faire face à ses contradictions. Résolue à retrouver Musa, l’homme qui a joué pour elle le rôle de père jusqu’à ses 20 ans, elle implique au passage ses propres parents, et les nombreux enfants de son ancien gardien, aujourd’hui installés aux États-Unis, loin de leur père. L’inconfort de la situation est palpable pour tous les êtres en présences. Différences de classes, sentiments d’injustices, reproductions inconscientes des biais, violence de l’État… les familles à nouveau réunies après des années de silence traînent avec eux de grands non-dits qui semblent rendre impossible une sincère amitié malgré la bonne volonté de tout un chacun.
Danae Elon sonde sans relâche les uns et les autres, cherchant à comprendre à la fois la teneur de la relation qui l’a liée enfant à un homme qui l’aura marquée à tout jamais - éduquée, dira-t-elle, tout de suite reprise par son père - et à mettre en lumière tout ce qui entravait l’expression de sentiments sincères, empêchés par un système d’oppression et l’existence de relations de pouvoir.
Si, pour vivre ensemble, ils doivent nier le contexte politique et les injustices l’entourant, alors cette vie partagée semble n’être qu’une fiction. Le film de Danae, malgré la grande tendresse qu’il recèle, nous rappelle hélas que tant que des rapports de pouvoir subsisteront entre les individus, tant que des systèmes asserviront des groupes, nourriront le racisme, organiseront et hiérarchiseront les différences, les rapports humains en seront fatalement teintés. Sauf peut-être pour de rares relations comme celle de Musa et Danae, où un amour inconditionnel émerge, malgré les risques et les injustices, comme un précieux et vital rappel de notre humanité.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk
On retrouve dans Another Road Home ce qui caractérise toute l’œuvre documentaire de Danae Elon; une soif de réponses devant des enjeux aussi chargés qu’irrésolubles, et une ténacité impressionnante devant les écueils et les rebuffades qu’appellent une telle démarche. Pour s’autoriser cette quête qu’on pourrait croire perdue d’avance, Elon choisit le pari de l’engagement en se mettant elle-même en danger.
Dans cette œuvre bouleversante, qui résonne particulièrement au regard de l’actualité et du nouvel embrasement du conflit israélo-palestinien, la cinéaste convie sa propre famille à faire face à ses contradictions. Résolue à retrouver Musa, l’homme qui a joué pour elle le rôle de père jusqu’à ses 20 ans, elle implique au passage ses propres parents, et les nombreux enfants de son ancien gardien, aujourd’hui installés aux États-Unis, loin de leur père. L’inconfort de la situation est palpable pour tous les êtres en présences. Différences de classes, sentiments d’injustices, reproductions inconscientes des biais, violence de l’État… les familles à nouveau réunies après des années de silence traînent avec eux de grands non-dits qui semblent rendre impossible une sincère amitié malgré la bonne volonté de tout un chacun.
Danae Elon sonde sans relâche les uns et les autres, cherchant à comprendre à la fois la teneur de la relation qui l’a liée enfant à un homme qui l’aura marquée à tout jamais - éduquée, dira-t-elle, tout de suite reprise par son père - et à mettre en lumière tout ce qui entravait l’expression de sentiments sincères, empêchés par un système d’oppression et l’existence de relations de pouvoir.
Si, pour vivre ensemble, ils doivent nier le contexte politique et les injustices l’entourant, alors cette vie partagée semble n’être qu’une fiction. Le film de Danae, malgré la grande tendresse qu’il recèle, nous rappelle hélas que tant que des rapports de pouvoir subsisteront entre les individus, tant que des systèmes asserviront des groupes, nourriront le racisme, organiseront et hiérarchiseront les différences, les rapports humains en seront fatalement teintés. Sauf peut-être pour de rares relations comme celle de Musa et Danae, où un amour inconditionnel émerge, malgré les risques et les injustices, comme un précieux et vital rappel de notre humanité.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk
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