Un narrateur anonyme raconte comment il a fait connaissance puis est tombé amoureux d'un homme plus âgé, Frank, aujourd'hui séropositif à l'aube de leur 10e anniversaire.
Réalisateur | Mike Hoolboom |
Acteur | Claire Valade |
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La première fois que j’ai vu le court métrage Frank’s Cock au défunt Cinéma Parallèle du boulevard Saint-Laurent à Montréal, j’ai subi un choc si puissant que je ne m’en suis toujours pas remise. Ce choc n’avait rien à voir ni avec le titre ni avec le contenu provocant du film. Non, c’est plutôt la force incroyable de son émotion brute qui m’a coupé le souffle alors — et qui continue de me chavirer encore autant aujourd’hui. Je venais de découvrir l’extraordinaire cinéma expérimental de Mike Hoolboom et je n’ai jamais cessé depuis de suivre son travail prodigieusement prolifique. Dans Frank’s Cock, il lui suffit d’à peine 8 minutes pour construire, avec humour, audace et invention, un monde entier, celui d’un amour véritable et beau, farouchement et délicieusement sexuel, mais surtout joyeux et tendre même s’il est placé à l’ombre du sida dont souffre l’amant du narrateur. Séparant l’écran en quatre pour évoquer symboliquement la fragmentation du corps éprouvée par les malades du sida, le cinéaste juxtapose au gros plan de l’acteur Callum Keith Rennie apparaissant dans le coin supérieur droit, les images d’un embryon humain en gestation, d’un film porno gai et d’un clip de Madonna. Aucunement distrayantes, étonnamment, ces images étayent plutôt surtout les mots du narrateur qui parle dans un langage simple et cru de son amant, de ce qu’il aime chez lui et dans leur relation, et de ce qui lui manquera après sa mort. Rarement une œuvre aussi explicite aura-t-elle suscité des réactions aussi opposées à celles auxquelles on aurait pu s’attendre et, par-dessus tout, un émerveillement intime et cinématographique aussi profondément bouleversant.
Claire Valade
Critique et programmatrice
La première fois que j’ai vu le court métrage Frank’s Cock au défunt Cinéma Parallèle du boulevard Saint-Laurent à Montréal, j’ai subi un choc si puissant que je ne m’en suis toujours pas remise. Ce choc n’avait rien à voir ni avec le titre ni avec le contenu provocant du film. Non, c’est plutôt la force incroyable de son émotion brute qui m’a coupé le souffle alors — et qui continue de me chavirer encore autant aujourd’hui. Je venais de découvrir l’extraordinaire cinéma expérimental de Mike Hoolboom et je n’ai jamais cessé depuis de suivre son travail prodigieusement prolifique. Dans Frank’s Cock, il lui suffit d’à peine 8 minutes pour construire, avec humour, audace et invention, un monde entier, celui d’un amour véritable et beau, farouchement et délicieusement sexuel, mais surtout joyeux et tendre même s’il est placé à l’ombre du sida dont souffre l’amant du narrateur. Séparant l’écran en quatre pour évoquer symboliquement la fragmentation du corps éprouvée par les malades du sida, le cinéaste juxtapose au gros plan de l’acteur Callum Keith Rennie apparaissant dans le coin supérieur droit, les images d’un embryon humain en gestation, d’un film porno gai et d’un clip de Madonna. Aucunement distrayantes, étonnamment, ces images étayent plutôt surtout les mots du narrateur qui parle dans un langage simple et cru de son amant, de ce qu’il aime chez lui et dans leur relation, et de ce qui lui manquera après sa mort. Rarement une œuvre aussi explicite aura-t-elle suscité des réactions aussi opposées à celles auxquelles on aurait pu s’attendre et, par-dessus tout, un émerveillement intime et cinématographique aussi profondément bouleversant.
Claire Valade
Critique et programmatrice
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