Une voix de femme raconte l’histoire d’un homme. La caméra explore une chambre aux allures baroques. Cette chambre, à la fois refuge et prison, sera le décor d’une grande partie du film. Nous sommes au Liban, dans une famille fière de son nom et de ses ancêtres. Une famille conservatrice, où tout n’est pas permis. Surtout pas l’homosexualité…
Réalisateur | Anthony Chidiac |
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Cet essai expérimental autobiographique d'Anthony Chidiac, tourné presque entièrement dans les limites de la chambre du cinéaste et narré par une voix off féminine, dépeint les incertitudes d'un jeune homme qui doit faire face à son identité, sa sexualité et ses peurs. Alors que Chidiac se débat avec l'idée de ce que signifie être un « vrai » homme au Liban, sa lente introspection remet en question de manière éloquente le système de valeurs de la société libanaise, où le regard de la société prime en laissant ceux qui vivent en marge se sentir ostracisés. Le fait de vivre dans l'ombre d'oncles intrépides qui ont combattu pendant la guerre civile et d'une mère religieuse qui désapprouve ouvertement sa sexualité accentue l'aliénation et la solitude du cinéaste. Les cadres fixes délimitent intimement les espaces fermés. Chidiac pointe souvent sa caméra à l'horizon ; des moments où il se permet de prendre l'air. La liberté par l'exil, considérée par les membres de sa famille comme la seule solution viable à une vie de honte, se concrétise dans un voyage que le cinéaste entreprend en Argentine avec son père négligent. Il s'agit là d'assurer à Chidiac une nouvelle citoyenneté et un avenir possible à l'étranger. Les moments de tension contenue entre les deux hommes laissent place à une scène finale où le jeune homme, à bord d'un train, regarde devant lui, à la recherche de quelque chose de nouveau dans ce paysage inconnu. Ce film courageusement personnel met en lumière un sujet qui reste controversé non seulement au Liban mais aussi dans la région, où le fait de s'exposer devient un acte vital et nécessaire, malgré la détresse et le prix élevé que cela peut entraîner.
Marlene Edoyan
Programmatrice, RIDM
Cet essai expérimental autobiographique d'Anthony Chidiac, tourné presque entièrement dans les limites de la chambre du cinéaste et narré par une voix off féminine, dépeint les incertitudes d'un jeune homme qui doit faire face à son identité, sa sexualité et ses peurs. Alors que Chidiac se débat avec l'idée de ce que signifie être un « vrai » homme au Liban, sa lente introspection remet en question de manière éloquente le système de valeurs de la société libanaise, où le regard de la société prime en laissant ceux qui vivent en marge se sentir ostracisés. Le fait de vivre dans l'ombre d'oncles intrépides qui ont combattu pendant la guerre civile et d'une mère religieuse qui désapprouve ouvertement sa sexualité accentue l'aliénation et la solitude du cinéaste. Les cadres fixes délimitent intimement les espaces fermés. Chidiac pointe souvent sa caméra à l'horizon ; des moments où il se permet de prendre l'air. La liberté par l'exil, considérée par les membres de sa famille comme la seule solution viable à une vie de honte, se concrétise dans un voyage que le cinéaste entreprend en Argentine avec son père négligent. Il s'agit là d'assurer à Chidiac une nouvelle citoyenneté et un avenir possible à l'étranger. Les moments de tension contenue entre les deux hommes laissent place à une scène finale où le jeune homme, à bord d'un train, regarde devant lui, à la recherche de quelque chose de nouveau dans ce paysage inconnu. Ce film courageusement personnel met en lumière un sujet qui reste controversé non seulement au Liban mais aussi dans la région, où le fait de s'exposer devient un acte vital et nécessaire, malgré la détresse et le prix élevé que cela peut entraîner.
Marlene Edoyan
Programmatrice, RIDM
FR- Room for a Man
EN- Room for a man