Mathilde est une femme hors du commun. Armée d’une longue cigarette, juchée sur ses talons hauts, elle ne ménage pas ses énergies pour soutenir les sans-abris de Bruxelles. Infatigable, cette infirmière sociale aux projets multiples essaye de convaincre Valérie et Mohammed de trouver un peu d'intimité dans sa « Love Room ».
Réalisateur | Chantal Limoges |
Acteur | Rémi Journet |
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Les sans-abri sont sujets aux regards quotidiens et publics qui les privent de toute évidence d’une quelconque intimité. En même temps, c’est par le regard de la cinéaste que le sujet est révélé aux yeux des spectateur·trice·s : c’est par celui-ci que le dialogue - et donc l’écoute - se cristallise. Ce processus permet de réinvestir un horizon caractérisé par l’indifférence, mais aussi par le contrôle. On refuse et on interdit par notre regard horizontal, interconnecté et public, tous comportements, toutes pratiques du corps qui relèveraient de la sphère privée. Il n’y a donc pas de mises à nues possibles, de mélanges ni d’oublis : ces moments où l’on n’a plus vraiment de corps à soi, où l’on ne fait qu’un. Ces échanges nécessaires qui sont pourtant vecteurs de dispositifs de confiance, de survie, d’organisation et donc, de réinsertion. Ce statut est hautement insupportable car il pousse les sans-abri à se coller aux magasins, à ressentir la chaleur de ces gares ultra fréquentées qui surveillent, protègent, fouillent et filtrent les potentialité déviantes qui porteraient atteinte au privé. C’est par cette interdépendance qui tend à l’immobilité que les sans-abri gagnent un peu de sécurité et de visibilité. D’ailleurs, le documentaire se termine par cette révélation glaçante : « À ce jour, les couples ne sont pas reconnus par les principaux refuges de la nuit de la Belgique ». Cette love room agit alors comme un feu qui éblouit nos yeux et brûle ce regard périscope afin de retrouver la chaleur d’une peau.
Rémi Journet
Assistant éditorial de Tënk Canada
Les sans-abri sont sujets aux regards quotidiens et publics qui les privent de toute évidence d’une quelconque intimité. En même temps, c’est par le regard de la cinéaste que le sujet est révélé aux yeux des spectateur·trice·s : c’est par celui-ci que le dialogue - et donc l’écoute - se cristallise. Ce processus permet de réinvestir un horizon caractérisé par l’indifférence, mais aussi par le contrôle. On refuse et on interdit par notre regard horizontal, interconnecté et public, tous comportements, toutes pratiques du corps qui relèveraient de la sphère privée. Il n’y a donc pas de mises à nues possibles, de mélanges ni d’oublis : ces moments où l’on n’a plus vraiment de corps à soi, où l’on ne fait qu’un. Ces échanges nécessaires qui sont pourtant vecteurs de dispositifs de confiance, de survie, d’organisation et donc, de réinsertion. Ce statut est hautement insupportable car il pousse les sans-abri à se coller aux magasins, à ressentir la chaleur de ces gares ultra fréquentées qui surveillent, protègent, fouillent et filtrent les potentialité déviantes qui porteraient atteinte au privé. C’est par cette interdépendance qui tend à l’immobilité que les sans-abri gagnent un peu de sécurité et de visibilité. D’ailleurs, le documentaire se termine par cette révélation glaçante : « À ce jour, les couples ne sont pas reconnus par les principaux refuges de la nuit de la Belgique ». Cette love room agit alors comme un feu qui éblouit nos yeux et brûle ce regard périscope afin de retrouver la chaleur d’une peau.
Rémi Journet
Assistant éditorial de Tënk Canada
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