En revenant sur les plages qui ont marqué sa vie, Varda invente avec _Les Plages d’Agnès_ une forme d’auto-documentaire. Elle se met en scène au milieu d’extraits de ses films, d’images et de reportages, nous partageant avec humour et émotion ses débuts de photographe de théâtre, puis de cinéaste novatrice dans les années 1950, mais aussi sa vie avec Jacques Demy, son engagement féministe, ses voyages à Cuba, en Chine et aux États-Unis, son parcours de productrice indépendante, sa vie de famille et son amour des plages.
Réalisateurs | Agnès Varda, Agnès Varda |
Acteurs | Naomie Décarie-Daigneault, Naomie Décarie-Daigneault |
Partager sur |
L’autobiographique et le biographique sont au cœur de l’œuvre d’Agnès Varda, tout comme le portrait et l’autoportrait. Dans l’ensemble de sa pratique photographique et cinématographique, et ce, depuis ses tout débuts, dans la fiction comme dans le documentaire, des bribes de sa vie, de la vie de ceux et celles qu’elle aime, des personnes de son entourage direct ou plus éloigné imprègnent ses films dans un enchaînement de générations marquant le temps qui passe, avec ses vivants et ses morts. Avec Les plages d’Agnès, la grande et regrettée cinéaste française revisite tout ça, pêle-mêle, prenant ce prétexte de la plage comme représentation de la notion d’autoportrait. En fait, ces plages, pour Agnès, sont autant celles géographiques, de sable et de mer, qui l’ont vue grandir à Sète, aimer son grand amour Jacques Demy à Noirmoutier et se retrouver un peu partout dans le monde, de Venice en Californie à la Croisette, que celles métaphoriques qui répondent aux définitions non géographiques du mot, « espace de temps occupé par une activité dans un emploi du temps » ou « écart, intervalle, espace, latitude entre deux éléments, deux possibilités » (Larousse).
À partir de ce motif, elle se lance dans une immense mise en abyme sur sa vie et son œuvre — mise en abyme terriblement émouvante, peuplée, motivée et propulsée par la multitude de digressions qui sont chères à son style documentaire, mais aussi fidèle au fil de sa pensée qui entraîne sans cesse ses récits vers l’avant, puis vers l’arrière, et à nouveau en avant et en arrière, avant et arrière, comme le ressac des vagues qui caressent les fameuses plages évoquées. On pourrait même parler d’éloge de la distraction lorsqu’on pense à ses films, et à celui-ci en particulier. Un moment au bord de l’eau, le suivant à revisiter la maison de son enfance, passant de Sète à Paris en une seule scène de petit bateau à voile, sautant de la petite cour de sa maison parisienne aux Black Panthers aux assiettes trouvées aux Puces à ses ami·e·s de la Nouvelle Vague à ses enfants. Toutes ces petites choses disparates qui font une vie, quoi. Au fond, le cinéma d’Agnès, c’est la vie!
Claire Valade
Critique et programmatrice
L’autobiographique et le biographique sont au cœur de l’œuvre d’Agnès Varda, tout comme le portrait et l’autoportrait. Dans l’ensemble de sa pratique photographique et cinématographique, et ce, depuis ses tout débuts, dans la fiction comme dans le documentaire, des bribes de sa vie, de la vie de ceux et celles qu’elle aime, des personnes de son entourage direct ou plus éloigné imprègnent ses films dans un enchaînement de générations marquant le temps qui passe, avec ses vivants et ses morts. Avec Les plages d’Agnès, la grande et regrettée cinéaste française revisite tout ça, pêle-mêle, prenant ce prétexte de la plage comme représentation de la notion d’autoportrait. En fait, ces plages, pour Agnès, sont autant celles géographiques, de sable et de mer, qui l’ont vue grandir à Sète, aimer son grand amour Jacques Demy à Noirmoutier et se retrouver un peu partout dans le monde, de Venice en Californie à la Croisette, que celles métaphoriques qui répondent aux définitions non géographiques du mot, « espace de temps occupé par une activité dans un emploi du temps » ou « écart, intervalle, espace, latitude entre deux éléments, deux possibilités » (Larousse).
À partir de ce motif, elle se lance dans une immense mise en abyme sur sa vie et son œuvre — mise en abyme terriblement émouvante, peuplée, motivée et propulsée par la multitude de digressions qui sont chères à son style documentaire, mais aussi fidèle au fil de sa pensée qui entraîne sans cesse ses récits vers l’avant, puis vers l’arrière, et à nouveau en avant et en arrière, avant et arrière, comme le ressac des vagues qui caressent les fameuses plages évoquées. On pourrait même parler d’éloge de la distraction lorsqu’on pense à ses films, et à celui-ci en particulier. Un moment au bord de l’eau, le suivant à revisiter la maison de son enfance, passant de Sète à Paris en une seule scène de petit bateau à voile, sautant de la petite cour de sa maison parisienne aux Black Panthers aux assiettes trouvées aux Puces à ses ami·e·s de la Nouvelle Vague à ses enfants. Toutes ces petites choses disparates qui font une vie, quoi. Au fond, le cinéma d’Agnès, c’est la vie!
Claire Valade
Critique et programmatrice
Français