Réflexion poétique sur la nature fluide de l'identité, _Mis dos voces_ s'intéresse à Ana, Claudia et Marinela, trois femmes latino-américaines qui partagent leurs expériences intimes d'immigration au Canada tout en réfléchissant à des thèmes tels que la violence, l'appartenance, la maternité et la réconciliation.
| Réalisateur | Lina Rodriguez |
| Acteur | Claire Valade |
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Le titre de ce documentaire ne pourrait être plus précis. Si la réalisatrice s’intéresse concrètement aux voix de ses sujets — Claudia, Ana, Marinela — qui parlent avec candeur de leur passé et de leur expérience d’immigration, Lina Rodriguez s’attache surtout à leur donner une voix. Ou plutôt deux : celle de la migrante, qui doit recomposer avec un nouveau monde et reconstruire sa vie ailleurs auprès d’étranger·ère·s, et celle de la battante, qui a réussi à survivre avec résilience et à surmonter des épreuves quasi indescriptibles. Le film entier fait toute la place à ces voix. Elles occupent l’avant-plan narratif, s’enchaînant l’une après l’autre — à un point tel qu’on a l’impression de voir ces trois femmes feuilleter des albums-souvenirs avec nous, alors qu’elles ne sont presque jamais montrées clairement à l’écran (en tout cas, pas avant les toutes dernières minutes). Leurs voix et leurs propos sont tellement présents, tellement incarnés que les images captées de leurs univers respectifs nous semblent devenir des portraits vivants par objets, par lieux ou par gestes interposés — mains, jambes, terre que l’on jardine, bibelots que l’on collectionne, rues et routes paisibles que l’on parcourt, cheveux que l’on brosse, barbe que l’on rase.
Au fil des moments intimes de ces quotidiens ordinaires et magiques, une chose curieuse et fascinante se produit : les voix commencent à prendre une dimension hypnotisante alors que les scènes nous captivent de plus en plus. Même si l’on ne comprend pas parfaitement l’espagnol, les paroles nous parviennent comme par osmose. Notre attention reste suspendue entre ce qu’on lit dans les sous-titres et ce qu’on croit comprendre en s’attardant plutôt à l’atmosphère sereine qui se dégage de l’ensemble. Cette valse entre concentration aiguisée et rêverie consciente fait de ce film une sorte de songe éveillé, où la compréhension absolue des mots n’est peut-être pas essentielle à la limpidité du propos ou à l’empathie ressentie pour les personnes représentées.
Claire Valade
Critique et programmatrice

Le titre de ce documentaire ne pourrait être plus précis. Si la réalisatrice s’intéresse concrètement aux voix de ses sujets — Claudia, Ana, Marinela — qui parlent avec candeur de leur passé et de leur expérience d’immigration, Lina Rodriguez s’attache surtout à leur donner une voix. Ou plutôt deux : celle de la migrante, qui doit recomposer avec un nouveau monde et reconstruire sa vie ailleurs auprès d’étranger·ère·s, et celle de la battante, qui a réussi à survivre avec résilience et à surmonter des épreuves quasi indescriptibles. Le film entier fait toute la place à ces voix. Elles occupent l’avant-plan narratif, s’enchaînant l’une après l’autre — à un point tel qu’on a l’impression de voir ces trois femmes feuilleter des albums-souvenirs avec nous, alors qu’elles ne sont presque jamais montrées clairement à l’écran (en tout cas, pas avant les toutes dernières minutes). Leurs voix et leurs propos sont tellement présents, tellement incarnés que les images captées de leurs univers respectifs nous semblent devenir des portraits vivants par objets, par lieux ou par gestes interposés — mains, jambes, terre que l’on jardine, bibelots que l’on collectionne, rues et routes paisibles que l’on parcourt, cheveux que l’on brosse, barbe que l’on rase.
Au fil des moments intimes de ces quotidiens ordinaires et magiques, une chose curieuse et fascinante se produit : les voix commencent à prendre une dimension hypnotisante alors que les scènes nous captivent de plus en plus. Même si l’on ne comprend pas parfaitement l’espagnol, les paroles nous parviennent comme par osmose. Notre attention reste suspendue entre ce qu’on lit dans les sous-titres et ce qu’on croit comprendre en s’attardant plutôt à l’atmosphère sereine qui se dégage de l’ensemble. Cette valse entre concentration aiguisée et rêverie consciente fait de ce film une sorte de songe éveillé, où la compréhension absolue des mots n’est peut-être pas essentielle à la limpidité du propos ou à l’empathie ressentie pour les personnes représentées.
Claire Valade
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