_Cattle Call_ est un documentaire animé de haute voltige sur l’art des encans de bétail. Basé sur le talent envoûtant du champion canadien des encans de 2007, Tim Dowler, et utilisant diverses techniques d’animation classiques et avant-gardistes, les cinéastes ont tenté de créer des images aussi formidablement abstraites, absurdes et énergisantes que le langage des encans lui-même.
| Réalisateurs | Matthew Rankin, Matthew Rankin, Mike Maryniuk, Mike Maryniuk |
| Acteur | Winnipeg Film Group |
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En 1976, Werner Herzog partageait son effroi fasciné quant au chant mercantile et effréné scandé par les encanteurs de bétail dans How Much Wood Would a Woodchuck Chuck. Il y affirmait que ce langage incompréhensible était un rempart de la poésie sous l’égide du capitalisme. Trente ans plus tard, Matthew Rankin et Mike Maryniuk se sont intéressés à ce phénomène relativement niché. Cette poésie, le duo a su la transfigurer, relevant son absurdité grâce aux codes du cinéma expérimental, nous transportant dans ce cirque de l’Amérique rurale profonde.
Cattle Call est un court métrage généreux qui multiplie les procédés jusqu’à la quasi-saturation sensorielle. Une psalmodie de chiffres indéchiffrables retentit sous un air de banjo, un gamin bat la mesure d’une danse avec une vache, tandis que des cowboys mangent du foin. On se sent presque dans un Wall Street agraire. La cadence est slapstick, comme le bruitage, révélant la dinguerie vénale des encans dans un ton bon enfant. Dans cet exercice formaliste, on retrouve l’espièglerie que l’on associera plus tard à Matthew Rankin, son rapport obsessionnel au kitsch qui pourtant sait chatouiller sous couvert de l’endossement infopublicitaire.
La synesthésie qui en résulte est le produit d’un bricolage : des décors en carton et une utilisation du papier qui, déposé sur des bouches, rappelle l’esthétique du collage. À la fois maximaliste et lo-fi, le duo utilise le stop motion pour hachurer le temps. Cette technique, en plus de contribuer au rythme, participe à l’esthétique artisanale chiffonesque et la dimension papier-carton du film, tout comme l’apparition étourdissante de chiffres, de mots et de symboles d’unité monétaire dans une typographie country.
Cattle Call est un pur chaos drolatique qui réussit à dépouiller l’esthétique western de son usuelle morosité.
Mélopée Montminy

En 1976, Werner Herzog partageait son effroi fasciné quant au chant mercantile et effréné scandé par les encanteurs de bétail dans How Much Wood Would a Woodchuck Chuck. Il y affirmait que ce langage incompréhensible était un rempart de la poésie sous l’égide du capitalisme. Trente ans plus tard, Matthew Rankin et Mike Maryniuk se sont intéressés à ce phénomène relativement niché. Cette poésie, le duo a su la transfigurer, relevant son absurdité grâce aux codes du cinéma expérimental, nous transportant dans ce cirque de l’Amérique rurale profonde.
Cattle Call est un court métrage généreux qui multiplie les procédés jusqu’à la quasi-saturation sensorielle. Une psalmodie de chiffres indéchiffrables retentit sous un air de banjo, un gamin bat la mesure d’une danse avec une vache, tandis que des cowboys mangent du foin. On se sent presque dans un Wall Street agraire. La cadence est slapstick, comme le bruitage, révélant la dinguerie vénale des encans dans un ton bon enfant. Dans cet exercice formaliste, on retrouve l’espièglerie que l’on associera plus tard à Matthew Rankin, son rapport obsessionnel au kitsch qui pourtant sait chatouiller sous couvert de l’endossement infopublicitaire.
La synesthésie qui en résulte est le produit d’un bricolage : des décors en carton et une utilisation du papier qui, déposé sur des bouches, rappelle l’esthétique du collage. À la fois maximaliste et lo-fi, le duo utilise le stop motion pour hachurer le temps. Cette technique, en plus de contribuer au rythme, participe à l’esthétique artisanale chiffonesque et la dimension papier-carton du film, tout comme l’apparition étourdissante de chiffres, de mots et de symboles d’unité monétaire dans une typographie country.
Cattle Call est un pur chaos drolatique qui réussit à dépouiller l’esthétique western de son usuelle morosité.
Mélopée Montminy
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