Le 26 septembre à l'atelier

Diane Obomsawin (qui signe aussi sous le nom de plume Obom) complète en 1997 un film d’animation qui lui a pris une année à réaliser. Elle s’est inspirée de ses collègues artistes, d’observations, de petites habitudes colligées dans l’atelier qu’elle partage avec elles et eux. Untel doit passer à la caisse. Un autre fait la vaisselle. Unetelle (Julie) répond au téléphone : elle parle un anglais d’Angleterre. Et Obomsawin narre tout ça — elle documente ce qui s’est dit et ce qui s’est produit mot à mot, comme une entrée de journal, une chronique. Un 26 septembre où toutes et tous s’affairent.
 
L’humour réside dans les détails, dans la coupe, la boucle animée qui répond à la narration, toujours en contrepoint. La rythmique des blagues est impeccable; juste à temps, juste assez absurde. Des figures volantes (peut-être en voyage astral?) traversent l’écran sans que personne ne les aperçoive. Les animaux et les humains se côtoient. Les personnages sont dessinés au trait, et coloriés au crayon de bois. Des jaunes, des verts pomme, des rouges brique égayent le papier qui défile, à mesure que tout arrive. Comme dans plusieurs autres films, Obomsawin utilise des photographies. Ici, elle entrecoupe ses séquences dessinées de photos, de textures photographiées pour créer des effets surprenants.
 
Ce film joyeux rend si bien le plaisir d’observer et d’interpréter ce qui nous entoure, et rend compte de l’importance de chérir les petits détails et le moment présent, d’y apporter sa couleur. Des fois, c’est important de se regarder aller. 

Rachel Samson
Cinéaste d’animation, autrice et programmatrice
et abonnée de Tënk