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L'homme qui penche


Image de couverture L'homme qui penche

Poète majeur de la fin du 20e siècle, Thierry Metz (1956-1997) travaille comme manœuvre ou saisonnier dans le Lot-et-Garonne. Il transforme chaque étape de vie en matériau poétique. Le film propose de mettre en lumière l’intensité tragique de sa brève existence ainsi que la radicalité de son engagement artistique.



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Le plus souvent, je trouve les biopics sur les artistes incomplets. La plupart, feignants, se contentent de retracer les épisodes dramatiques de l'existence des principaux concernés. Souvent, je les fuis. Ici, la tentative de prolonger en images l'œuvre de l'écrivain Thierry Metz. Ce qu’il a vu, ce qu’il a pris. L'impression des mots et ce qu'ils documentent. Sa poésie et son quotidien d'intérimaire. Si le film ne détone pas par le choix de la chronologie, c'est par son genre lui-même qu'il est notable : le documentaire. Ce sont de vrais corps, de vraies forêts, de vraies lumières que l'on observe. Au travail, enfermés, de dos et sur les routes. C'est au spectateur de recréer l'œuvre de Thierry Metz, de l'actualiser, de la « simplifier ».

« Être graine pour revenir feuillage ».

C'est donc un long poème qui se dessine devant nos yeux et parfois même de véritables peintures (je pense à ces arbres décharnés). Par son montage, ses cadres et ses lieux… nous serons poètes. Par les différents extraits de l'auteur lus, nous serons spectateurs d'un évidement. De la tentative d'un homme de se raccrocher à la vie ou plutôt d'y résister ou encore, dira-t-il, de « rejoindre » son fils mort quelques années avant son suicide. Le film ne dit rien à ce propos, ne juge pas, n'en rajoute pas : il suit.

« 17 juin. Déjà les habitudes, la routine : les poignées de mains quand on arrive, la gamelle le midi, le boulot comme une absence. Dehors : un soleil, des passants, le va-et-vient d'une circulation, des fleurs en pot sur une terrasse. Presque rien. On entend à peine. On devine un mouvement, une rumeur, des pas. Qui est là, si près de nous? Si près du réel?

Où aller?

Le vrai travail – peut-être – est de simplifier. De dire le moins possible, mais d'écouter beaucoup. Ne rien emporter le matin, ne pas s'alourdir. Être graine pour revenir feuillage le soir. Retrouver la maison avec les mots ensoleillés du dehors. Les oiseaux autour de nous ne laissent pas de traces. » (Le journal d’un manoeuvre, Thierry Metz, 1990)

 

 

Rémi Journet
Abonné de Tënk


  • Français

    Français

    1h37

    Langue : Français
  • English

    English

    1h37

    Langue : English
    Sous-titres : English
  • Année 2020
  • Pays France
  • Durée 97
  • Producteur Survivance, Prima Luce
  • Langue Français
  • Sous-titres Anglais
  • Résumé court Un portrait « in absentia » de l'écrivain Thierry Metz, poète majeur du 20e siècle, qui toute sa vie travailla comme manœuvre ou saisonnier.

Le plus souvent, je trouve les biopics sur les artistes incomplets. La plupart, feignants, se contentent de retracer les épisodes dramatiques de l'existence des principaux concernés. Souvent, je les fuis. Ici, la tentative de prolonger en images l'œuvre de l'écrivain Thierry Metz. Ce qu’il a vu, ce qu’il a pris. L'impression des mots et ce qu'ils documentent. Sa poésie et son quotidien d'intérimaire. Si le film ne détone pas par le choix de la chronologie, c'est par son genre lui-même qu'il est notable : le documentaire. Ce sont de vrais corps, de vraies forêts, de vraies lumières que l'on observe. Au travail, enfermés, de dos et sur les routes. C'est au spectateur de recréer l'œuvre de Thierry Metz, de l'actualiser, de la « simplifier ».

« Être graine pour revenir feuillage ».

C'est donc un long poème qui se dessine devant nos yeux et parfois même de véritables peintures (je pense à ces arbres décharnés). Par son montage, ses cadres et ses lieux… nous serons poètes. Par les différents extraits de l'auteur lus, nous serons spectateurs d'un évidement. De la tentative d'un homme de se raccrocher à la vie ou plutôt d'y résister ou encore, dira-t-il, de « rejoindre » son fils mort quelques années avant son suicide. Le film ne dit rien à ce propos, ne juge pas, n'en rajoute pas : il suit.

« 17 juin. Déjà les habitudes, la routine : les poignées de mains quand on arrive, la gamelle le midi, le boulot comme une absence. Dehors : un soleil, des passants, le va-et-vient d'une circulation, des fleurs en pot sur une terrasse. Presque rien. On entend à peine. On devine un mouvement, une rumeur, des pas. Qui est là, si près de nous? Si près du réel?

Où aller?

Le vrai travail – peut-être – est de simplifier. De dire le moins possible, mais d'écouter beaucoup. Ne rien emporter le matin, ne pas s'alourdir. Être graine pour revenir feuillage le soir. Retrouver la maison avec les mots ensoleillés du dehors. Les oiseaux autour de nous ne laissent pas de traces. » (Le journal d’un manoeuvre, Thierry Metz, 1990)

 

 

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