Mondes parallèles

Je ne suis pas experte en santé mentale, ni de près, ni de loin. Les plus grands spécialistes en la matière passent une vie entière à tenter de comprendre et saisir les mouvements, les déroutes et les courts-circuits de la chimie qui régulent nos cerveaux. Chimie d’une infinie complexité qui a fait couler de l’encre sur des millions de pages. Infinie complexité qui a fait l’objet d’une pléthore d’études supervisées tout comme d’une affolante quantité d’expérimentations barbares. Qui a aussi inspirée des milliers d’artistes et de cinéastes, désireux de rendre compte, chacun à leur façon, de ces mondes parallèles dans lesquels se réfugient nos cerveaux pour des raisons tantôt flagrantes, tantôt obscures. Je ne suis pas experte, mais je côtoie ma santé mentale et celles des autres tous les jours. Et vice versa. Notre santé mentale est fragile, si pas déjà fragilisée.

Je vous propose ici 5 films documentaires m’ayant tous profondément marquée chacun à leur façon. Des oeuvres qui m’ont permis un tant soit peu cette capacité de se mettre à la place de l’Autre, de mieux saisir le mal qui ronge, le tourment qui mine, les voix qui affolent, les fables qui rassurent, l’anxiété qui paralyse et les émotions décuplées qui exaltent.

Et puis, tous ces états, ces sensations, ces ressentis indéfinissables qui nous définissent, qui cisèlent nos quotidiens et rendent infiniment plus complexes nos rapports avec les autres et les rendez-vous avec notre « moi ». Le désir de monter cette escale de programmation sur la santé mentale m’est venu il a près de 8 mois, alors que je travaillais sur la mise en marché de Dehors Serge Dehors, 2e long métrage du duo de réalisateurs Martin Fournier et Pier-Luc Latulippe. Venant tout juste de prendre l’affiche, ce documentaire s’inscrit dans les sillons de leur première œuvre, Manoir, qui m’avait captivée et donné envie de leur tendre une perche pour le développement d’un prochain projet. Manoir fait partie de cette petite programmation qui n’aurait été complète sans sa présence.

Virginie Dubois
Cinéphile, d’abord et avant tout Productrice à temps perdu

Virginie Dubois œuvre dans le milieu de la culture et du cinéma depuis près de 30 ans. Comédienne de formation, elle passe du jeu à la production, collaborant à près d'une dizaine de longs métrages indépendants, documentaires comme fictions. Depuis 2018, elle partage son temps entre la production d'œuvres cinématographiques et la gestion d'événements philanthropiques pour des organismes de bienfaisance. Principalement Le CAP qui accompagne par la découverte et la pratique de l’art des personnes éprouvées par la vie - un peu comme ceux qui font l’objet des films ici proposés - et Le Chaînon, qui héberge des femmes en difficulté.