Depuis les années 1990, le vieux Manoir Gaulin accueille d’anciens résidents de l’hôpital psychiatrique de Saint-Hyacinthe. Ils sont une trentaine à habiter ce lieu d’hébergement alternatif, devenu leur planche de salut après la vague de désinstitutionnalisation qui les a un jour jetés à la rue sans ressource. Rentabilité oblige, ce motel de bout du monde sera bientôt détruit pour faire le bonheur des promoteurs. Le film est le récit de cette page qui se tourne alors que chacun s’affaire à réorganiser son quotidien. À l’écoute de ces laissés-pour-compte oubliés de tous, Manoir prend soin des invisibles en les rendant à notre regard et à la vie.
Réalisateurs | Martin Fournier, Pier-Luc Latulippe |
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Premier long métrage documentaire des réalisateurs Martin Fournier et Pier-Luc Latulippe, Manoir annonce d'ores et déjà les débuts d'une démarche authentique, intègre et porteuse de sens qui ne fait que se préciser et se bonifier avec leur deuxième long métrage, Dehors Serge Dehors.
Une délicate incursion au cœur d'un foyer régulé par le quotidien de personnages uniques et fascinants, peuplé par des êtres qui se sont affairés méticuleusement à en actionner la régie interne. Cet espace salvateur et tant chéri, qui leur a été offert et qui, quelques années plus tard, leur sera dérobé sans aucun scrupule. Ils se préparent alors à le quitter pour retourner vers les possibles griffes d'une vie qu'ils ont tant cherchée à fuir.
Habité par des âmes aux imaginaires débridés, ce lieu se niche quelque part entre l'ici et l'ailleurs. L'ici de la certitude d'un présent réconfortant et l'ailleurs de l'incertitude d'un demain inquiétant. L'ambiance insaisissable qui plane entre ces deux espaces-temps est magnifiquement rendue par la lentille d’Olivier Tétreault. Investie d'une grande poésie, sa caméra longe les corridors, flotte dans les lieux communs et réussit à s'introduire avec une infinie délicatesse dans les antres impénétrables de tous ces êtres accrochés à leurs souvenirs, leurs anecdotes de vie, leurs rêves, leurs collections, leurs univers.
Fournier et Latulippe confirment dès cette première œuvre qu'ils ont rapidement compris l'essence même d'une démarche véritablement et intrinsèquement documentaire. Capter le réel sans artifice, laisser le sujet venir à eux en toute liberté et à son rythme. Fournier et Latulippe filment pour les bonnes raisons. Leur travail d'archivistes d'histoires et de collectionneurs de réalités, ils le font avec cette infinie patience que commande le documentaire.
Donner une voix aux laissés-pour-compte, ces deux cinéastes s'en sont fait une mission et nous, public, ne pouvons que leur être reconnaissants de nous les faire entendre, comprendre et embrasser.
À noter que la toute dernière séquence du film vaut à elle seule, le visionnement de Manoir. Elle est investie de ce genre de beauté qui réussit à rendre compte de l'abject, de la désolation d'une réalité, rendant celle-ci encore plus percutante.
Virginie Dubois
Cinéphile, d’abord et avant tout
Productrice à temps perdu
Premier long métrage documentaire des réalisateurs Martin Fournier et Pier-Luc Latulippe, Manoir annonce d'ores et déjà les débuts d'une démarche authentique, intègre et porteuse de sens qui ne fait que se préciser et se bonifier avec leur deuxième long métrage, Dehors Serge Dehors.
Une délicate incursion au cœur d'un foyer régulé par le quotidien de personnages uniques et fascinants, peuplé par des êtres qui se sont affairés méticuleusement à en actionner la régie interne. Cet espace salvateur et tant chéri, qui leur a été offert et qui, quelques années plus tard, leur sera dérobé sans aucun scrupule. Ils se préparent alors à le quitter pour retourner vers les possibles griffes d'une vie qu'ils ont tant cherchée à fuir.
Habité par des âmes aux imaginaires débridés, ce lieu se niche quelque part entre l'ici et l'ailleurs. L'ici de la certitude d'un présent réconfortant et l'ailleurs de l'incertitude d'un demain inquiétant. L'ambiance insaisissable qui plane entre ces deux espaces-temps est magnifiquement rendue par la lentille d’Olivier Tétreault. Investie d'une grande poésie, sa caméra longe les corridors, flotte dans les lieux communs et réussit à s'introduire avec une infinie délicatesse dans les antres impénétrables de tous ces êtres accrochés à leurs souvenirs, leurs anecdotes de vie, leurs rêves, leurs collections, leurs univers.
Fournier et Latulippe confirment dès cette première œuvre qu'ils ont rapidement compris l'essence même d'une démarche véritablement et intrinsèquement documentaire. Capter le réel sans artifice, laisser le sujet venir à eux en toute liberté et à son rythme. Fournier et Latulippe filment pour les bonnes raisons. Leur travail d'archivistes d'histoires et de collectionneurs de réalités, ils le font avec cette infinie patience que commande le documentaire.
Donner une voix aux laissés-pour-compte, ces deux cinéastes s'en sont fait une mission et nous, public, ne pouvons que leur être reconnaissants de nous les faire entendre, comprendre et embrasser.
À noter que la toute dernière séquence du film vaut à elle seule, le visionnement de Manoir. Elle est investie de ce genre de beauté qui réussit à rendre compte de l'abject, de la désolation d'une réalité, rendant celle-ci encore plus percutante.
Virginie Dubois
Cinéphile, d’abord et avant tout
Productrice à temps perdu
Manoir
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