Nous, le fleuve

Nous, le fleuve

Le fleuve Saint-Laurent est un incontournable de l’histoire passée et actuelle du Québec. Il en est la colonne vertébrale. Que ce soit au niveau géographique autant que symbolique, il structure notre espace et notre imaginaire. Vous proposer une escale à propos du fleuve m’oblige, dans un premier temps, à placer certaines assises afin de cartographier le sujet. Dans un deuxième temps, il sera proposé de questionner notre relation au fleuve, de douter, et immanquablement, de rêver. Une traversée qui, au final, se promet de confondre histoire et territoire.

 

 

Nous commencerons par visiter des œuvres qui racontent l’histoire du fleuve et qui auscultent son périlleux territoire. Le fleuve aux grandes eaux de Frédéric Back devrait, à mon sens, faire partie du cursus scolaire de tous les élèves du Québec. Il synthétise le récit naturel et historique du fleuve et nous place sur un pied d’égalité par rapport à lui. À partir de là, nous pouvons débuter le voyage avec une histoire commune; et puisque qu’il s’agit d’une route fluviale, il convient ensuite de la naviguer. Et qui de mieux pour nous y conduire que le célèbre commandant Jacques-Yves Cousteau? Du grand large aux Grands Lacs nous fait parcourir le fleuve de long en large, explorer ses profondeurs autant que voler au-dessus de son lit. Ce périple nous permettra de saisir la portée physique du fleuve autant que son caractère orageux. Nous découvrons que l’histoire du fleuve et de ses habitants est aussi celle de tempêtes et de naufrages.

Bermudes (Nord) de Claire Legendre vient, à ce stade, placer le fleuve dans une perspective de découverte et d’inconnu pour celui ou celle qui s’aventure en ses contrées les plus éloignées. Ses rares habitants sont ici des exilés recherchant une forme de guérison loin du tumulte de la ville. Dans À perte de vue, le fleuve, devenu golfe, entoure les îles de la Madeleine et menace de les inonder à tout jamais. De jeunes Madelinots réfléchissent à voix haute sur les dangers qu'engendrent les changements climatiques. Les forces de la nature apparaissent ici beaucoup plus grandes que celles des hommes. Au large, les humains sont peu nombreux et les éléments sont tout puissants.

Puis, Archipel vient clore cette escale en esquissant les traits vibrants et névralgiques d’une histoire qui s’écrit dans chaque souffle, dans chaque parole prononcée. Ici, le fleuve semble n’avoir pas dit son dernier mot. Qui en seront les prochains navigateurs, les prochains naufragés, les prochains à dire « nous » ?

 

Jean-Philippe Catellier
Responsable programmation et diffusion
Paraloeil

 

 

 

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