Marguerite Duras est interviewée à son domicile au sujet de l'illustration photographique de son roman _Le ravissement de Lol V. Stein_. Elle y lit également des passages de son roman.
Réalisateur | Daniel Georgeot |
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Nous sommes en 1968. Le ravissement de Lol V. Stein – souvent cité comme l’un des plus beaux et énigmatiques romans de Duras – vient de paraître quatre ans plus tôt. Devant les caméras de Chambre noire, une émission de la télévision française consacrée à la photographie, l’écrivaine s’active à traduire en images le destin tourmenté de son personnage. Entourée de deux photographes, Duras met en scène l’actrice Loleh Bellon dont le nom a inspiré le personnage central de l’oeuvre, une femme mystérieuse sombrant peu à peu dans la folie après l’éclatement de son couple.
Dans ce fascinant objet télévisuel, on regarde Duras observer et diriger les photographes qui, à leur tour, regardent l’actrice interprétant Lol, tentant d’en capter un portrait fidèle à la vision de l’autrice. Comme le laisse entendre Duras, avec son phrasé si unique, en début d’entretien : « C’est une expérience. C’est une expérience d’écrivain, avant tout. C’est-à-dire que j’ai voulu voir si je pouvais m’approcher de ma vision intérieure… Évidemment, cette vision mentale, cette image mentale qui est parallèle à l’écriture, vous ne pouvez jamais, jamais, la retrouver complètement. » On assiste alors sous nos yeux à la métamorphose d'un texte complexe et subtil en roman-photo; une adaptation qui semble des plus appropriées pour un roman qui remet sans cesse en question la notion de réalité objective en explorant la subjectivité et la perception individuelle.
Un accès privilégié à la pensée de Duras, à sa manière de mettre au monde visuellement l’univers auquel elle a su si bien donner vie par écrit. Un glissement de la littérature vers le cinéma qui continuera d’habiter l’écrivaine tout au long de la prochaine décennie, alors qu’elle passera plus sérieusement à la réalisation avec toute l’intelligence et l’innovation qu’on lui connaît.
Jason Burnham
Responsable éditorial de Tënk
Nous sommes en 1968. Le ravissement de Lol V. Stein – souvent cité comme l’un des plus beaux et énigmatiques romans de Duras – vient de paraître quatre ans plus tôt. Devant les caméras de Chambre noire, une émission de la télévision française consacrée à la photographie, l’écrivaine s’active à traduire en images le destin tourmenté de son personnage. Entourée de deux photographes, Duras met en scène l’actrice Loleh Bellon dont le nom a inspiré le personnage central de l’oeuvre, une femme mystérieuse sombrant peu à peu dans la folie après l’éclatement de son couple.
Dans ce fascinant objet télévisuel, on regarde Duras observer et diriger les photographes qui, à leur tour, regardent l’actrice interprétant Lol, tentant d’en capter un portrait fidèle à la vision de l’autrice. Comme le laisse entendre Duras, avec son phrasé si unique, en début d’entretien : « C’est une expérience. C’est une expérience d’écrivain, avant tout. C’est-à-dire que j’ai voulu voir si je pouvais m’approcher de ma vision intérieure… Évidemment, cette vision mentale, cette image mentale qui est parallèle à l’écriture, vous ne pouvez jamais, jamais, la retrouver complètement. » On assiste alors sous nos yeux à la métamorphose d'un texte complexe et subtil en roman-photo; une adaptation qui semble des plus appropriées pour un roman qui remet sans cesse en question la notion de réalité objective en explorant la subjectivité et la perception individuelle.
Un accès privilégié à la pensée de Duras, à sa manière de mettre au monde visuellement l’univers auquel elle a su si bien donner vie par écrit. Un glissement de la littérature vers le cinéma qui continuera d’habiter l’écrivaine tout au long de la prochaine décennie, alors qu’elle passera plus sérieusement à la réalisation avec toute l’intelligence et l’innovation qu’on lui connaît.
Jason Burnham
Responsable éditorial de Tënk
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