Paris, 1983. Marguerite Duras, Madeleine Renaud et Bulle Ogier sont toutes trois enfermées dans la grande salle du Théâtre du Rond-Point où elles travaillent à la création de _Savannah Bay_. Ce qu'elles nous donnent à voir, à vivre, c'est véritablement la naissance de la pièce : ces instants privilégiés de la création théâtrale quand s'établit l'ultime coïncidence entre le texte et le mouvement.
Réalisateur | Michelle Porte |
Partager sur |
Duras manie les mots en enchanteresse, et l’entendre réfléchir à haute voix, c’est accéder directement à la littérature. Elle avance, les phrases devant elle comme des éclaireuses, pénétrant les mystères, dissipant les ténèbres, dévoilant les aspérités de la géographie sentimentale. Son élocution à la fois déterminée et hésitante laisse voir une pensée en marche, et on se demande si les mots prononcés la surprennent elle-même, et de quelles mystérieuses parts de son être ils émanent
Dans Savannah Bay, c’est toi, c’est au théâtre comme énigme qu’elle s’affaire. On assiste aux tâtonnements des trois femmes devant un texte qui prend vie par la force sans égal du théâtre. Sur la scène sobrement éclairée, Madeleine Renaud et Bulle Ogier trouvent et inventent leurs vérités devant une Duras impérieuse qui ne leur fait grâce d’aucune certitude.
« Aujourd’hui seulement, je peux raconter Savannah Bay. Le texte n’était rien avant que les comédiennes le fassent leur, lui donnent vie. »
Duras, c’est donc parfois ça. Le texte révélé par son arrivée dans les êtres. Le texte digéré, vécu, marché, senti, sans vérité autre que cette présence totale dans le corps. Comme la passion. Insondable, quasi indicible, et à laquelle se butera toute sa vie l’écrivaine. Tournant autour et nous donnant à la voir par le manque. Duras, l’enchanteresse.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk
Présenté en collaboration avec
Duras manie les mots en enchanteresse, et l’entendre réfléchir à haute voix, c’est accéder directement à la littérature. Elle avance, les phrases devant elle comme des éclaireuses, pénétrant les mystères, dissipant les ténèbres, dévoilant les aspérités de la géographie sentimentale. Son élocution à la fois déterminée et hésitante laisse voir une pensée en marche, et on se demande si les mots prononcés la surprennent elle-même, et de quelles mystérieuses parts de son être ils émanent
Dans Savannah Bay, c’est toi, c’est au théâtre comme énigme qu’elle s’affaire. On assiste aux tâtonnements des trois femmes devant un texte qui prend vie par la force sans égal du théâtre. Sur la scène sobrement éclairée, Madeleine Renaud et Bulle Ogier trouvent et inventent leurs vérités devant une Duras impérieuse qui ne leur fait grâce d’aucune certitude.
« Aujourd’hui seulement, je peux raconter Savannah Bay. Le texte n’était rien avant que les comédiennes le fassent leur, lui donnent vie. »
Duras, c’est donc parfois ça. Le texte révélé par son arrivée dans les êtres. Le texte digéré, vécu, marché, senti, sans vérité autre que cette présence totale dans le corps. Comme la passion. Insondable, quasi indicible, et à laquelle se butera toute sa vie l’écrivaine. Tournant autour et nous donnant à la voir par le manque. Duras, l’enchanteresse.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk
Présenté en collaboration avec
Français