Sur les traces d’une jument de Przewalski, d’une chienne citadine et de deux philosophes (Baptiste Morizot et Vinciane Despret), une réflexion passionnante sur notre rapport aux autres vivants qui, en inversant la perspective, pose des questions inédites sur notre place dans le monde.
| Réalisateur | Sylvère Petit |
| Acteur | Sylvie Lapointe |
| Partager sur |
Je suis particulièrement heureuse de partager ce film, parce qu’il appartient à une catégorie qui m’est précieuse : celle d’un documentaire traversé par une véritable ambition de transmettre des visions du monde, et où le dispositif cinématographique devient aussi un outil puisqu’il ne s’agit pas seulement de réfléchir sur le vivant, mais de devenir sensible par les images et de se laisser transformer par lui.
Parmi les vivants qui peuplent le film, il y a les chevaux sauvages de la Lozère, les oiseaux, les insectes, ainsi que Vinciane Despret¹ et Baptiste Morizot². Le geste du film est remarquable : il ne nous donne pas seulement accès à leurs idées, mais à leur écoute, à leurs hésitations, à leur manière de chercher. Et cela est précieux.
De plus, Sylvère Petit a la grande délicatesse de nous extraire du mode « conférence » et de placer sa caméra… à hauteur de chien! Oui, ce chien qui écoute, qui s’ennuie peut-être, qui joue, qui s’endort pendant que les humains parlent. Ce choix de regard, loin d’être anecdotique, nous invite à désapprendre nos évidences perceptives et à faire entrer dans le champ ce que nous avons appris à ne plus voir : le vivant.
Ce film rend hommage aux perspectives philosophiques et ontologiques qui déplacent aujourd’hui notre rapport à la nature. Le problème n’est pas que nous soyons coupés du vivant, mais que nous soyons coupés de la coupure elle-même. Adopter le regard du chien, c’est peut-être déjà commencer à en sortir.
Sylvie Lapointe
Cinéaste et chargée de projet pour Tënk
1. Quelques recommandations de lecture pour explorer la pensée de Vinciane Despret : Naissance d’une théorie éthologique. La danse du cratérope écaillé (1996), Ces émotions qui nous fabriquent : ethnopsychologie de l'authenticité (2001), Être bête (2007), Penser comme un rat (2009), Que diraient les animaux, si... on leur posait les bonnes questions? (2012), Au bonheur des morts. Récits de ceux qui restent (2015), Habiter en oiseau (2019), Autobiographie d’un poulpe et autres récits d’anticipation (2021), Et si les animaux écrivaient (2022).
2. Quelques recommandations de lecture pour explorer la pensée de Baptiste Morizot : Pour une théorie de la rencontre (2016), Les diplomates: cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant (2016), Sur la piste animale (2018), Manières d'être vivant : enquêtes sur la vie à travers nous (2020), Raviver les braises du vivant : un front commun (2020), L'inexploré (2023), Le regard perdu : à l'origine de l'art pariétal animal (2025).

Je suis particulièrement heureuse de partager ce film, parce qu’il appartient à une catégorie qui m’est précieuse : celle d’un documentaire traversé par une véritable ambition de transmettre des visions du monde, et où le dispositif cinématographique devient aussi un outil puisqu’il ne s’agit pas seulement de réfléchir sur le vivant, mais de devenir sensible par les images et de se laisser transformer par lui.
Parmi les vivants qui peuplent le film, il y a les chevaux sauvages de la Lozère, les oiseaux, les insectes, ainsi que Vinciane Despret¹ et Baptiste Morizot². Le geste du film est remarquable : il ne nous donne pas seulement accès à leurs idées, mais à leur écoute, à leurs hésitations, à leur manière de chercher. Et cela est précieux.
De plus, Sylvère Petit a la grande délicatesse de nous extraire du mode « conférence » et de placer sa caméra… à hauteur de chien! Oui, ce chien qui écoute, qui s’ennuie peut-être, qui joue, qui s’endort pendant que les humains parlent. Ce choix de regard, loin d’être anecdotique, nous invite à désapprendre nos évidences perceptives et à faire entrer dans le champ ce que nous avons appris à ne plus voir : le vivant.
Ce film rend hommage aux perspectives philosophiques et ontologiques qui déplacent aujourd’hui notre rapport à la nature. Le problème n’est pas que nous soyons coupés du vivant, mais que nous soyons coupés de la coupure elle-même. Adopter le regard du chien, c’est peut-être déjà commencer à en sortir.
Sylvie Lapointe
Cinéaste et chargée de projet pour Tënk
1. Quelques recommandations de lecture pour explorer la pensée de Vinciane Despret : Naissance d’une théorie éthologique. La danse du cratérope écaillé (1996), Ces émotions qui nous fabriquent : ethnopsychologie de l'authenticité (2001), Être bête (2007), Penser comme un rat (2009), Que diraient les animaux, si... on leur posait les bonnes questions? (2012), Au bonheur des morts. Récits de ceux qui restent (2015), Habiter en oiseau (2019), Autobiographie d’un poulpe et autres récits d’anticipation (2021), Et si les animaux écrivaient (2022).
2. Quelques recommandations de lecture pour explorer la pensée de Baptiste Morizot : Pour une théorie de la rencontre (2016), Les diplomates: cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant (2016), Sur la piste animale (2018), Manières d'être vivant : enquêtes sur la vie à travers nous (2020), Raviver les braises du vivant : un front commun (2020), L'inexploré (2023), Le regard perdu : à l'origine de l'art pariétal animal (2025).
Français
English