En quête d’un huis clos de 15 jours, un réalisateur se retrouve captif d’un chalutier en haute mer, où sa détresse s’entremêle avec le destin de ce qu’il filme. Expérience sensorielle entre attente et panique, ce premier court métrage est devenu le film expiatoire d’un cinéaste traumatisé.
Réalisateur | Arnaud Beaudoux |
Acteur | Jason Todd |
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Les images de ce premier court métrage, teintées d’une forte violence, prennent tout leur sens au contact des mots du réalisateur tant elles ont été captées dans un contexte de tournage très précis – voire traumatique. Nous lui cédons, donc, la parole :
« L’idée de départ était de filmer l’enfermement : comprendre comment et pourquoi cinq personnes peuvent et veulent cohabiter dans un espace si petit et hostile pendant des mois, des années, voire une vie pour certains. Je souhaitais les questionner sur ces enjeux et tenter de les pousser dans leurs retranchements, essayer de comprendre ces personnes grâce à nos différences. Via des portraits croisés, je voulais mettre en valeur la pluralité culturelle et sociale présente sur un chalutier, ce lieu exigu et coupé du monde pendant plusieurs semaines.
Je ne souhaitais pas vraiment mettre l’accent sur la pêche, mais une fois embarqué, mes plans ont radicalement changé. Ce que je croyais être un film d’entrevue s’est transformé en film d’observation expérimental au fur et à mesure du processus. N’ayant pas pu rencontrer l’équipage avant le premier jour du tournage, c’était un pari risqué, un pari que j’ai décidé de tenter. Une fois arrivé sur le bateau, j’ai vite compris que le dialogue allait être difficile.
Personne ne m’a demandé mon prénom. On m’a surnommé « petit pédé » comme j’avais les cheveux longs. Les deux premiers jours ont été intenses physiquement à cause du mal de mer, je n’ai quasiment pas tourné sur cette période. Une fois requinqué, et avec quelque chose dans le ventre, j’ai commencé à filmer ce qui m’entourait pour illustrer la violence de l’expérience que je vivais. Si cette violence était véhiculée par les propos dans un premier temps, elle était aussi présente dans mes changements physiques, et malheureusement elle s’est décuplée par des gestes physiques agressifs sur ma personne.
J’ai perdu 7 kilos en 7 jours sur les 55 que je pèse. Déconnecté du monde, perdu et sans moyen de décompresser, j’ai essayé de tourner instinctivement la beauté et la violence présente dans ce lieu et ces pratiques. En tentant autre chose, je me suis tourné vers les autres êtres violentés sur ce bateau : les poissons. »
Ce film est donc le récit d'une rencontre manquée, où un désir de dialogue s'est buté à un mur d'hostilités. En ce sens, grâce au lien évident que le cinéaste dresse entre son expérience et celle des poissons, on en vient à se demander si cela aussi – le dialogue entre l'Homme et la biodiversité marine – n'est pas une autre rencontre manquée.
Poser la question, c'est y répondre.
Jason Todd
Directeur artistique
Tënk
Les images de ce premier court métrage, teintées d’une forte violence, prennent tout leur sens au contact des mots du réalisateur tant elles ont été captées dans un contexte de tournage très précis – voire traumatique. Nous lui cédons, donc, la parole :
« L’idée de départ était de filmer l’enfermement : comprendre comment et pourquoi cinq personnes peuvent et veulent cohabiter dans un espace si petit et hostile pendant des mois, des années, voire une vie pour certains. Je souhaitais les questionner sur ces enjeux et tenter de les pousser dans leurs retranchements, essayer de comprendre ces personnes grâce à nos différences. Via des portraits croisés, je voulais mettre en valeur la pluralité culturelle et sociale présente sur un chalutier, ce lieu exigu et coupé du monde pendant plusieurs semaines.
Je ne souhaitais pas vraiment mettre l’accent sur la pêche, mais une fois embarqué, mes plans ont radicalement changé. Ce que je croyais être un film d’entrevue s’est transformé en film d’observation expérimental au fur et à mesure du processus. N’ayant pas pu rencontrer l’équipage avant le premier jour du tournage, c’était un pari risqué, un pari que j’ai décidé de tenter. Une fois arrivé sur le bateau, j’ai vite compris que le dialogue allait être difficile.
Personne ne m’a demandé mon prénom. On m’a surnommé « petit pédé » comme j’avais les cheveux longs. Les deux premiers jours ont été intenses physiquement à cause du mal de mer, je n’ai quasiment pas tourné sur cette période. Une fois requinqué, et avec quelque chose dans le ventre, j’ai commencé à filmer ce qui m’entourait pour illustrer la violence de l’expérience que je vivais. Si cette violence était véhiculée par les propos dans un premier temps, elle était aussi présente dans mes changements physiques, et malheureusement elle s’est décuplée par des gestes physiques agressifs sur ma personne.
J’ai perdu 7 kilos en 7 jours sur les 55 que je pèse. Déconnecté du monde, perdu et sans moyen de décompresser, j’ai essayé de tourner instinctivement la beauté et la violence présente dans ce lieu et ces pratiques. En tentant autre chose, je me suis tourné vers les autres êtres violentés sur ce bateau : les poissons. »
Ce film est donc le récit d'une rencontre manquée, où un désir de dialogue s'est buté à un mur d'hostilités. En ce sens, grâce au lien évident que le cinéaste dresse entre son expérience et celle des poissons, on en vient à se demander si cela aussi – le dialogue entre l'Homme et la biodiversité marine – n'est pas une autre rencontre manquée.
Poser la question, c'est y répondre.
Jason Todd
Directeur artistique
Tënk
Agonie