En embarquant sur un chalutier pour dresser le portrait d’une des plus vieilles entreprises humaines, Véréna Paravel et Lucien Castaing-Taylor témoignent, dans un flot d’images sidérant, de l’affrontement qui engage l’homme, la nature et la machine. Tourné à l’aide d’une dizaine de caméras numériques ballottées au gré du vent et des vagues, sanglées aux corps des pêcheurs, aux cordages du bateau, gommant tous repères, et où la mer et le ciel finissent par se confondre, ce documentaire nous avertit des menaces de la pêche intensive autant qu’il révèle la beauté foudroyante des entrailles de l’océan.
Réalisateurs | Lucien Castaing-Taylor, Verena Paravel |
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Filmé à bord d'un bateau de pêche au large des côtes de Boston, *Leviathan* repousse les limites du filmable : les deux cinéastes et anthropologues américains décrivent le mécanisme écrasant et déshumanisant de l'économie du profit, en partant des théories de Hobbes et en utilisant une douzaine de caméras Go-Pro fixées sur des filets de pêche ou jetées à la mer. En dehors de toute référence anthropocentrique, le spectateur se trouve plongé dans une expérience panique, désorientante et totalisante, parmi des flots d'étoiles de mer, des volées de mouettes glissant à la surface de l'eau et des poissons se débattant dans les filets. Une œuvre d'une extraordinaire innovation formelle et d'une puissance visuelle, capable de souligner à chaque nouveau plan la nécessité pour tout projet de documentaire ethnographique d'axer ses préoccupations méthodologiques sur la manière de filmer quelque chose d'inconnu. Un film radical et novateur, un jalon dans le cinéma contemporain, dont on parlera longtemps.
Daniela Persico
Programmatrice et critique
Filmé à bord d'un bateau de pêche au large des côtes de Boston, *Leviathan* repousse les limites du filmable : les deux cinéastes et anthropologues américains décrivent le mécanisme écrasant et déshumanisant de l'économie du profit, en partant des théories de Hobbes et en utilisant une douzaine de caméras Go-Pro fixées sur des filets de pêche ou jetées à la mer. En dehors de toute référence anthropocentrique, le spectateur se trouve plongé dans une expérience panique, désorientante et totalisante, parmi des flots d'étoiles de mer, des volées de mouettes glissant à la surface de l'eau et des poissons se débattant dans les filets. Une œuvre d'une extraordinaire innovation formelle et d'une puissance visuelle, capable de souligner à chaque nouveau plan la nécessité pour tout projet de documentaire ethnographique d'axer ses préoccupations méthodologiques sur la manière de filmer quelque chose d'inconnu. Un film radical et novateur, un jalon dans le cinéma contemporain, dont on parlera longtemps.
Daniela Persico
Programmatrice et critique
FR - Leviathan