Une jeune fille de 15 ans évoque l’ennui de son milieu bourgeois et fait le procès de son père et de sa mère. Une ballade sur la montagne avec son chien est un prétexte pour voir la vie à travers les yeux de cette adolescente qui se sent étrangère au monde qui l’entoure.
Réalisateur | Mireille Dansereau |
Acteurs | Maude Trottier, Rachel Samson |
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Produit à compte d’auteur (à l’aide de la caméra Beaulieu que lui avait prêtée Michel Brault) et monté en catimini la nuit sur la Moviola de l’ONF, le tout premier film de Mireille Dansereau met en scène la promenade onirique d’une jeune fille dont le monologue intérieur est révélé par le truchement d’une voix-off. Au sortir d’une maison familiale juchée dans les beaux quartiers, cette jeune fille déambule, comme appâtée par la rumeur de ses propres pensées, à la recherche d’une autre prise sur le monde, d’espaces à même de dénouer ce rapport. Son imaginaire englobe une haute idée de l’amour à laquelle s’accroche un prince charmant qui, contrepartie aux images de la famille aliénante, advient, sorti de nulle part. La figure est parfaitement ridicule et jouissive de l’être. Elle introduit une distance dans le calcul de ces images de jeune fille mélancolique, un sourire ironique qui déchire la tonalité fleur bleue de la ballerine aspirante amoureuse qui ne veut pas pourrir ici. La flûte fait peu à peu place aux ondes Martenot. Les images distillent des songes doucereux empreints d’angoisse, le fantasme dévoile sa structure polaire, entre désir et peur. Et la jeune fille « souhaite mettre le feu à toutes ces maisons. »
Au procédé immersif de la voix-off, lequel préfigure en moyens audiovisuels les thèmes de l’autodétermination et l’acte capital d’écouter sa propre voix (et par association d’idées, « le privé est politique » de la décennie suivante), répond un espace qui se ramifie, s’habite par une danse qui se transforme en course. La jeune fille se départit peu à peu de son corps classique pour dévaler la montagne et courir sans finalité autre que d’habiter somatiquement le présent, un motif figuratif que l’on retrouvera complètement épanoui dans La vie rêvée. Le « courir » de cette jeune fille dans Moi, un jour... amorce ainsi une réflexion cinématographique sur l’émancipation par l’imaginaire, à la faveur d’une mécanique déliée et naturelle qui se lie amoureusement à l’image en mouvement.
Maude Trottier
Rédactrice en chef, revue Hors champ
Présenté en collaboration avec
Produit à compte d’auteur (à l’aide de la caméra Beaulieu que lui avait prêtée Michel Brault) et monté en catimini la nuit sur la Moviola de l’ONF, le tout premier film de Mireille Dansereau met en scène la promenade onirique d’une jeune fille dont le monologue intérieur est révélé par le truchement d’une voix-off. Au sortir d’une maison familiale juchée dans les beaux quartiers, cette jeune fille déambule, comme appâtée par la rumeur de ses propres pensées, à la recherche d’une autre prise sur le monde, d’espaces à même de dénouer ce rapport. Son imaginaire englobe une haute idée de l’amour à laquelle s’accroche un prince charmant qui, contrepartie aux images de la famille aliénante, advient, sorti de nulle part. La figure est parfaitement ridicule et jouissive de l’être. Elle introduit une distance dans le calcul de ces images de jeune fille mélancolique, un sourire ironique qui déchire la tonalité fleur bleue de la ballerine aspirante amoureuse qui ne veut pas pourrir ici. La flûte fait peu à peu place aux ondes Martenot. Les images distillent des songes doucereux empreints d’angoisse, le fantasme dévoile sa structure polaire, entre désir et peur. Et la jeune fille « souhaite mettre le feu à toutes ces maisons. »
Au procédé immersif de la voix-off, lequel préfigure en moyens audiovisuels les thèmes de l’autodétermination et l’acte capital d’écouter sa propre voix (et par association d’idées, « le privé est politique » de la décennie suivante), répond un espace qui se ramifie, s’habite par une danse qui se transforme en course. La jeune fille se départit peu à peu de son corps classique pour dévaler la montagne et courir sans finalité autre que d’habiter somatiquement le présent, un motif figuratif que l’on retrouvera complètement épanoui dans La vie rêvée. Le « courir » de cette jeune fille dans Moi, un jour... amorce ainsi une réflexion cinématographique sur l’émancipation par l’imaginaire, à la faveur d’une mécanique déliée et naturelle qui se lie amoureusement à l’image en mouvement.
Maude Trottier
Rédactrice en chef, revue Hors champ
Présenté en collaboration avec
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