Industrie et photographie sont liées, la reproduction les rapproche. Mais que voit-on, au fil du temps, au fil de la mécanisation et de l’avènement de la production industrielle moderne, toujours plus cachée derrière les enceintes des entreprises ? La photographie, qui inclut la prise de vue cinématographique, permet-elle de voir le travail, les processus à l’œuvre, la production plutôt que le produit ? Industrie et photographie posent la question du visible, de leur lisibilité par le regard humain.
Réalisateur | Harun Farocki |
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« Ce qui complique encore la situation [des arts reproductibles] c'est que moins que jamais, la simple reproduction de la réalité ne dit quoi que ce soit sur cette réalité. Une photographie des usines Krupp ou de l'A.E.G. ne nous apprend pratiquement rien sur ses institutions. La réalité proprement dite a glissé dans son contenu fonctionnel. La réification des relations humaines, par exemple à l'usine, ne permet plus de les restituer.»
Bertolt Brecht, Le procès de quat'sous (1931), dans Sur le cinéma (1922-1933), Paris, L'Arche, p. 171.
L'année suivant la réalisation de son premier long-métrage de fiction Zwischen zwei Kriegen (Entre deux guerres) en 1978, Harun Farocki revient sur la question économique et politique de l’industrie sidérurgique dans l'histoire de l'Allemagne. Industrie und Fotografie est un essai filmique dense et stratifié sur l'invisibilité de l'industrie comme telle, mais aussi une critique implacable de l'idéologie de l'objectivité de la représentation et de la transparence des images, y compris celles du marché artistique (les typologies de Bernd et Hilla Becher). Ce film est à la fois une méditation historique sur la fin de la modernité industrielle, une réflexion politique sur l'opacité du réel devant l'objectif mécanique, une proposition théorique pour une pensée visuelle qui essaie de creuser « les écarts du visible » et de « les relativiser » (Raymond Bellour) au lieu de les combler comme les médias font, en nous rassurant et en nous aveuglant.
Federico Rossin
Historien du cinéma, programmateur indépendant
« Ce qui complique encore la situation [des arts reproductibles] c'est que moins que jamais, la simple reproduction de la réalité ne dit quoi que ce soit sur cette réalité. Une photographie des usines Krupp ou de l'A.E.G. ne nous apprend pratiquement rien sur ses institutions. La réalité proprement dite a glissé dans son contenu fonctionnel. La réification des relations humaines, par exemple à l'usine, ne permet plus de les restituer.»
Bertolt Brecht, Le procès de quat'sous (1931), dans Sur le cinéma (1922-1933), Paris, L'Arche, p. 171.
L'année suivant la réalisation de son premier long-métrage de fiction Zwischen zwei Kriegen (Entre deux guerres) en 1978, Harun Farocki revient sur la question économique et politique de l’industrie sidérurgique dans l'histoire de l'Allemagne. Industrie und Fotografie est un essai filmique dense et stratifié sur l'invisibilité de l'industrie comme telle, mais aussi une critique implacable de l'idéologie de l'objectivité de la représentation et de la transparence des images, y compris celles du marché artistique (les typologies de Bernd et Hilla Becher). Ce film est à la fois une méditation historique sur la fin de la modernité industrielle, une réflexion politique sur l'opacité du réel devant l'objectif mécanique, une proposition théorique pour une pensée visuelle qui essaie de creuser « les écarts du visible » et de « les relativiser » (Raymond Bellour) au lieu de les combler comme les médias font, en nous rassurant et en nous aveuglant.
Federico Rossin
Historien du cinéma, programmateur indépendant
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