« La vie m’enleva mon père à l’enfance, puis ma mère et mon frère à peine adolescente. Partir, pour m’isoler, m’évader, fuir. Le temps efface-t-il vraiment les choses? À mon retour d’un long exil, je me souviens. Voyage à rebours, mouvance intérieure. Avenir. Un éloge à ma terre natale. » (Lysanne Thibodeau)
Réalisateur | Lysanne Thibodeau |
Acteur | Richard Brouillette |
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Empruntant la forme d’un journal filmé et narré, Éloge du retour procède d’un double mouvement qui traverse à la fois les territoires enfouis de l’intime et les topographies intersubjectives. Ces trajectoires opposées, mais non antagonistes, s’entremêlent délicatement en s’inscrivant dans le passé, le présent et l’avenir, au gré d’images allégoriques, documentaires et quotidiennes.
Voyage intérieur d’une revenante qui part à la redécouverte de sa terre-mère natale et de ses habitants premiers, ou non; chronique d’une cassure – si ce n’est d’un éclatement – en voie de raccommodage le film enchaîne les trois étapes d’un programme clairement énoncé – « revenir, ressentir, renaître » – pour exorciser une douleur inhumée dans la séquestration de l’exil et les abymes du soi.
Avec beaucoup d’intelligence et de subtilité, la cinéaste tisse son film d’images polysémiques, les enveloppant d’un montage sonore qui évoque la sensualité audible de la ville et des bois, belle illustration de ce « ressentir » et de ce qu’elle nomme « des vagues de souvenirs et des souvenirs vagues ».
De l’évocation du matricide à l’invocation de la maternité qui se matérialisera, de la déchirure du passé à la sérénité face à l’avenir, Thibodeau nous rappelle la dualité oubliée du mot désir en latin, desiderium, d’abord désir d’une chose qu'on a eue, d’une personne qu’on a connue et qui maintenant fait défaut, dont on est éloigné – le regret, quoi. Mais aussi, bien sûr, le désir comme un besoin, une prière.
Richard Brouillette
Cinéaste, producteur, éleveur de poules et comptable
Empruntant la forme d’un journal filmé et narré, Éloge du retour procède d’un double mouvement qui traverse à la fois les territoires enfouis de l’intime et les topographies intersubjectives. Ces trajectoires opposées, mais non antagonistes, s’entremêlent délicatement en s’inscrivant dans le passé, le présent et l’avenir, au gré d’images allégoriques, documentaires et quotidiennes.
Voyage intérieur d’une revenante qui part à la redécouverte de sa terre-mère natale et de ses habitants premiers, ou non; chronique d’une cassure – si ce n’est d’un éclatement – en voie de raccommodage le film enchaîne les trois étapes d’un programme clairement énoncé – « revenir, ressentir, renaître » – pour exorciser une douleur inhumée dans la séquestration de l’exil et les abymes du soi.
Avec beaucoup d’intelligence et de subtilité, la cinéaste tisse son film d’images polysémiques, les enveloppant d’un montage sonore qui évoque la sensualité audible de la ville et des bois, belle illustration de ce « ressentir » et de ce qu’elle nomme « des vagues de souvenirs et des souvenirs vagues ».
De l’évocation du matricide à l’invocation de la maternité qui se matérialisera, de la déchirure du passé à la sérénité face à l’avenir, Thibodeau nous rappelle la dualité oubliée du mot désir en latin, desiderium, d’abord désir d’une chose qu'on a eue, d’une personne qu’on a connue et qui maintenant fait défaut, dont on est éloigné – le regret, quoi. Mais aussi, bien sûr, le désir comme un besoin, une prière.
Richard Brouillette
Cinéaste, producteur, éleveur de poules et comptable
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