« Dans ce périlleux carnet de voyage, Fleming récite, en voix off à la première personne, un conte de deux villes. La première est Brindisi, où le sexisme flagrant de son entourage la conduit à se réfugier dans la chambre d'hôtel de son guide touristique sans scrupules. La seconde se déroule plus près de chez elle - où la plus simple des traversées de rue se transforme en un voyage cauchemardesque fait de sombres collisions, d'os cassés et d'ambulances. » - Mike Hoolboom
Réalisateur | Ann Marie Fleming |
Acteur | Claire Valade |
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N’est pas cinéaste expérimentale qui veut. Quoiqu’en pensent certains esprits chagrins, cela exige beaucoup plus que de simplement braquer sa caméra immobile sur un édifice pendant 8 heures ou d’aligner des images vacillantes mal définies dans un collage erratique qui rendrait épileptique le cinéphile le plus ouvert d’esprit. Encore faut-il avoir quelque chose à dire… C’était le cas de Warhol avec son Empire State et des œuvres du Canadien Mike Hoolboom. C’est aussi celui de la Vancouvéroise Ann Marie Fleming avec son percutant You Take Care Now. Transcendant dès sa sortie en 1989 son statut initial de banal film étudiant pour atteindre instantanément les sommets des plus grandes œuvres du cinéma expérimental canadien, ce court métrage d’à peine 12 minutes réalisé par une cinéaste débutante dans la jeune vingtaine avait causé à l’époque une onde de choc qui résonne encore aujourd’hui. Film d’impressions, visuellement poétique et faussement chaotique par son assemblage de moments réels et reproduits entremêlant animation, travellings documentaires, pellicule trouvée et images traitées, You Take Care Now se présente comme un amalgame de songes et de souvenirs. Monté à la manière de pensées qui s’entrechoquent, le film crée des liens tant intellectuels qu’émotifs entre des éléments qui sembleraient de prime abord disparates, mais qui se parlent et s’alimentent les uns les autres. En voix off, sur un ton qui se veut presque anodin, et pourtant éminemment personnel et délicatement féministe, la cinéaste raconte avec humour et empathie deux événements marquants profondément intimes : un viol et un accident. Vous n’en sortirez pas indemnes.
Claire Valade
Critique et programmatrice
N’est pas cinéaste expérimentale qui veut. Quoiqu’en pensent certains esprits chagrins, cela exige beaucoup plus que de simplement braquer sa caméra immobile sur un édifice pendant 8 heures ou d’aligner des images vacillantes mal définies dans un collage erratique qui rendrait épileptique le cinéphile le plus ouvert d’esprit. Encore faut-il avoir quelque chose à dire… C’était le cas de Warhol avec son Empire State et des œuvres du Canadien Mike Hoolboom. C’est aussi celui de la Vancouvéroise Ann Marie Fleming avec son percutant You Take Care Now. Transcendant dès sa sortie en 1989 son statut initial de banal film étudiant pour atteindre instantanément les sommets des plus grandes œuvres du cinéma expérimental canadien, ce court métrage d’à peine 12 minutes réalisé par une cinéaste débutante dans la jeune vingtaine avait causé à l’époque une onde de choc qui résonne encore aujourd’hui. Film d’impressions, visuellement poétique et faussement chaotique par son assemblage de moments réels et reproduits entremêlant animation, travellings documentaires, pellicule trouvée et images traitées, You Take Care Now se présente comme un amalgame de songes et de souvenirs. Monté à la manière de pensées qui s’entrechoquent, le film crée des liens tant intellectuels qu’émotifs entre des éléments qui sembleraient de prime abord disparates, mais qui se parlent et s’alimentent les uns les autres. En voix off, sur un ton qui se veut presque anodin, et pourtant éminemment personnel et délicatement féministe, la cinéaste raconte avec humour et empathie deux événements marquants profondément intimes : un viol et un accident. Vous n’en sortirez pas indemnes.
Claire Valade
Critique et programmatrice
FR - You Take Care Now
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