La consultation se trouve à l’intérieur de l’hôpital Avicenne de Bobigny. C’est un îlot qui semble abandonné au fond d’un couloir. Une grande pièce obscure et vétuste où atterrissent des êtres malades, marqués dans leur chair, et pour qui la douleur dit les peines de l’exil. S’ils y reviennent, c’est qu’ils ne désespèrent pas de trouver ici le moyen de tenir debout, de résister au naufrage.
Réalisateur | Alice Diop |
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Aux soins de santé de l’hôpital Avicenne de Bobigny, un médecin au regard doux, accompagné d’une psychiatre affable et silencieuse, reçoit sans jugement ni effusion un défilé de souffrances humaines. Il hoche la tête aux récits qui se succèdent : violence, torture, séparations et deuils dessinent les contours de l’exil. La situation kafkaïenne de ces êtres tout juste échappés d’un premier enfer fait frémir. Certificats, démarches, paperasses forment une nouvelle prison qui condamne les exilés à une errance entre les mondes. « Tu as les soucis d’un homme libre! » s’exclame le médecin à un patient qui vient d’obtenir son statut de réfugié. Mais c’est l’humanité à laquelle s’attarde Diop dans ce film bouleversant. Elle oppose à l’anonymat du statut l’étendue des individualités qu’on y croise. Et la scène finale, où elle échappe à la mise en scène à laquelle elle s’était astreinte pour réconforter une patiente, abolit la distance confortable du spectateur. Humanité, nous disions.
Naomie Décarie-Daigneault
Directrice artistique de Tënk
Aux soins de santé de l’hôpital Avicenne de Bobigny, un médecin au regard doux, accompagné d’une psychiatre affable et silencieuse, reçoit sans jugement ni effusion un défilé de souffrances humaines. Il hoche la tête aux récits qui se succèdent : violence, torture, séparations et deuils dessinent les contours de l’exil. La situation kafkaïenne de ces êtres tout juste échappés d’un premier enfer fait frémir. Certificats, démarches, paperasses forment une nouvelle prison qui condamne les exilés à une errance entre les mondes. « Tu as les soucis d’un homme libre! » s’exclame le médecin à un patient qui vient d’obtenir son statut de réfugié. Mais c’est l’humanité à laquelle s’attarde Diop dans ce film bouleversant. Elle oppose à l’anonymat du statut l’étendue des individualités qu’on y croise. Et la scène finale, où elle échappe à la mise en scène à laquelle elle s’était astreinte pour réconforter une patiente, abolit la distance confortable du spectateur. Humanité, nous disions.
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