Chaque portrait de cette série est constitué d'un entretien entre Alain Cavalier et une femme exerçant un métier rare ou en voie de disparition. Sur leur lieu de travail, elles évoquent leur métier et ses techniques, leur formation et leur histoire, leurs goûts et leur vie quotidienne. Ces portraits ont un caractère autant documentaire qu'intimiste, et révèlent des personnalités et des univers de travail étonnants. Ici, Marie, rémouleuse de profession, nous parle de son enfance et de sa vie marquée par la maladie et la pauvreté. Elle communique son amour pour un métier parfois considéré comme ingrat.
Réalisateurs | Alain Cavalier, Alain Cavalier |
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« Hommes, nous sommes passionnés des ouvrages de nos semblables, nous y cherchons avidement les traces des spectacles qui peuplent nos regards à tous nos instants, de nos préhensions quotidiennes obsédantes, de ce qui, au long de notre vie, tombe sous nos sens à tous nos pas. Et c’est : une affiche déchirée, un bout de toile qui brille, un fer rouillé, un chemin crotté, un couvercle badigeonné au coaltar. Une devanture peinte en vert pin, une enseigne bariolée, une inscription dans la rue et des traces et des traces, des traînées, des hasards, comme nos logis d’hommes et nos villes en sont remplis, voilà ce que le peintre doit tout enregistrer à mesure et fixer et assimiler et restituer dans ses ouvrages. »
Ce texte de Jean Dubuffet est issu de L’homme du commun à l’ouvrage. En le relisant, on se demande si Cavalier ne serait pas un peu peintre lui aussi : en filmant les clous, les déformations, les bijoux, l’écriture, la voix. Capter au plus près et le plus simplement les roues pliées, les petites anecdotes, les maladies, le passé. Tout ce qui constitue pour chacun « sa façon de sonner » comme le dit magnifiquement Marie. C’est le regard aiguisé qu’elle porte à ses couteaux, les fumées de sa cigarette et le lac de Genève sur lequel elle écrit son nom. C’est l’iridescence qui nous frappe, l’embrun qui nous atteint.
Rémi Journet
Assistant éditorial de Tënk
« Hommes, nous sommes passionnés des ouvrages de nos semblables, nous y cherchons avidement les traces des spectacles qui peuplent nos regards à tous nos instants, de nos préhensions quotidiennes obsédantes, de ce qui, au long de notre vie, tombe sous nos sens à tous nos pas. Et c’est : une affiche déchirée, un bout de toile qui brille, un fer rouillé, un chemin crotté, un couvercle badigeonné au coaltar. Une devanture peinte en vert pin, une enseigne bariolée, une inscription dans la rue et des traces et des traces, des traînées, des hasards, comme nos logis d’hommes et nos villes en sont remplis, voilà ce que le peintre doit tout enregistrer à mesure et fixer et assimiler et restituer dans ses ouvrages. »
Ce texte de Jean Dubuffet est issu de L’homme du commun à l’ouvrage. En le relisant, on se demande si Cavalier ne serait pas un peu peintre lui aussi : en filmant les clous, les déformations, les bijoux, l’écriture, la voix. Capter au plus près et le plus simplement les roues pliées, les petites anecdotes, les maladies, le passé. Tout ce qui constitue pour chacun « sa façon de sonner » comme le dit magnifiquement Marie. C’est le regard aiguisé qu’elle porte à ses couteaux, les fumées de sa cigarette et le lac de Genève sur lequel elle écrit son nom. C’est l’iridescence qui nous frappe, l’embrun qui nous atteint.
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